Il est curieux que des dirigeants socialistes français reproduisent, vis-à-vis des pouvoirs dictatoriaux en Tunisie, les mêmes schémas caricaturaux de leurs rivaux de droite!
Par Rachid Barnat
Tout le monde se rappelle les déclarations de Chirac en faveur de son ami Ben Ali, l'un des pires ennemis des droits de homme: «Le premier des droits de l'homme c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays»! ou encore «La liberté du tunisien est d'avoir un toit et du pain»!
L'on se rappelle aussi de la déclaration de son successeur Nicolas Sarkozy favorable au même individu: «La Tunisie a fait le choix volontaire de la démocratie... et la France n'a donc pas à donner de leçons» ! et de l'ex-ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, dite MAM, qui proposait à Zaba son aide policière pour mater la révolte: «Nous proposons le savoir-faire, qui est reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, pour permette de régler des situations sécuritaires de ce type»!
Les socialistes sur les pas de Chirac et Sarkozy
Et voilà que les socialistes tombent dans les mêmes travers! Pour se «racheter», la France en la personne de Claude Bartolone a cru bon d'inviter le président provisoire de la république Moncef Marzouki à discourir devant les parlementaires français pour défendre son indéfendable alliance avec le parti islamiste Ennahdha... comme si les socialistes pouvait admettre une alliance avec le Front National! Et d'entendre sans broncher ses conneries: «On me pose souvent la question : est-ce que la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de l'islamisme? La réponse est non, la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de la démocratie», affirme-t-il sous les applaudissements des députés nettement plus nourris à gauche qu'à droite.
Et l'on voit aujourd'hui le résultat et la situation de tension extrême qui existe dans le pays qui continue pourtant à inviter les prédicateurs wahhabites pour wahhabiser les Tunisiens!
Alors que nous savons tous que M. Marzouki, surnommé «tartour» (pantin) par ses compatriotes, n'est qu'une marionnette entre les mains de Rached Ghannouchi et de son maître l'émir du Qatar !
Jacques Lang, a, de son côté, fait honneur au Judas de la république tunisienne en le recevant... pour promouvoir son dernier livre à l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris! Heureusement que des militantes de Femen France étaient là pour perturber la rencontre et sauver l'honneur de la France, la vraie, celle de la défense de la laïcité et des droits de l'homme!
Elisabeth Guigou, dont l'époux, économiste de son état, avait beaucoup d'affinités avec des figures de l'ancien régime, s'extasie, de son côté, sur la «transition démocratique en Tunisie»... comme beaucoup d'autres de son parti!
Jean Glavany, membre de la commission présidée par Elisabeth Guigou, refuse, avec prudence, toute ingérence pour ménager les susceptibilités de Ghannouchi... abandonnant les démocrates et progressistes tunisiens à leur sort face à des islamistes financés à outrance par le Qatar !
Or, ce que dit Mme Guigou de la transition démocratique en Tunisie est en soi une ingérence!
Elisabeth Guigou se fait raconter la transition tunisienne pour Moncef Marzouki.
Le langage diplomatique doit avoir ses limites
Alors ingérence pour ingérence, autant qu'elle soit constructive pour les Tunisiens et qu'elle ne soit pas hypocrite... car le langage diplomatique doit avoir ses limites: ne pas tomber dans la caricature, pour rester crédible!
A quoi jouent-ils tous ces dirigeants français soi-disant amis de la Tunisie? N'ont-ils pas retenu la leçon des bêtises de leurs prédécesseurs?
Ne voient-ils pas qu'une dictature théocratique est en train de se mettre en place... avec un régime fascisant qui ne s'en cache plus... avec milice, les Ligues de protection de la révolution (LPR), au service exclusif d'Ennahdha !), salafistes, jihadistes... auxquels il livre la Tunisie pour s'assurer sa pérennité au pouvoir par la force ?
Ont ils lu le projet de Constitution qui, dans son style alambiqué, met en danger les libertés et veut instaurer sans le dire, une théocratie fondée sur la chariâ?
Pourquoi font-ils semblant de croire à un islamisme «modéré»! alors que les faits devraient les avoir convaincus que c'est une supercherie que cette prétendue «modération» !!
La France a raté sa relation avec la Tunisie pendant la dictature de Ben Ali contre laquelle elle n'a pas agi; et maintenant, par la faute des socialistes, elle va rater sa relation avec ce pays en ne soutenant pas suffisamment les vrais démocrates; faisant mine de croire à un islamisme modéré que veut leur vendre Marzouki, considéré par beaucoup en Tunisie comme un traître ainsi que Mustapha Ben Jaâfar – le soi-disant socialiste président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) – et qui, lui aussi, a renié toutes les valeurs auxquelles il prétendait croire. Deux Judas qui ont trahi leurs électeurs qui les croyaient démocrates et progressistes... et qui découvrent effarés leur lâcheté devant celui à qui ils doivent tout, leur «élection» ainsi que leur poste: Ghannouchi !
Au lieu de se laisser duper par la prétendue tactique qui consiste à croire que les islamistes vont accepter la démocratie et les libertés, le pouvoir ferait mieux d'être intransigeant sur les valeurs des droits de l'homme et ne pas soutenir ceux qui, de toute évidence, ne les acceptent pas.
Faut-il leur rappeler que soutenir l'installation de l'islamisme en Tunisie c'est le risque pour la France et pour l'Europe d'avoir à leur porte un nouveau «Afghanistan»!
Déjà que l'islamisme se développe dans les banlieues françaises soutenu et financé par les pétromonarques !
Le président François Hollande devrait donner un signe fort en ne donnant pas sa caution en venant en Tunisie soutenir un pouvoir provisoire aux pratiques fascistes. La France aura tout le temps d'aider la Tunisie après que des élections auront enfin donné au pays un pouvoir démocratique et soucieux de liberté et de progrès.