Le 19 avril 2012, l’avenue Habib Bourguiba au centre-ville de Tunis s’est transformée en une bibliothèque à ciel ouvert: une manifestation pacifique réussie, qui est un hommage au fondateur de la Tunisie moderne!

Par Rachid Barnat*


Belle initiative et bel hommage à Bourguiba qui a investi dans l’éducation des Tunisiens... qui le lui rendent bien en transformant symboliquement l’avenue qui porte son nom en un lieu de culture, de lecture, de réflexion et de savoir.

Preuve s’il en est besoin que le peuple tunisien est instruit, civilisé, demandeur de savoir et toujours curieux.

Une façon pour lui de contester les actions de sabotage des lieux du savoir entreprises par les salafistes dans les facultés de Manouba, de Sousse, de Kairouan et ailleurs... Et façon pour lui de dire aux salafistes de tous bords qu’il refuse qu’ils l’abrutissent et le ramènent à l’obscurantisme d’avant l’indépendance du pays. Puisque des vendeurs à la sauvette, souvent déguisés en Saoudiens ou en Afghans, ont investi les trottoirs des villes pour vendre des livres obscurantistes pour mieux abrutir les Tunisiens. Ce qui est une insulte à l’intelligence d’un peuple qui mérite plus de considération. Mais les autorités laissent faire.
L’autre symbole est que cette avenue, que les Tunisiens se sont appropriée pour en faire l’emblème de leurs revendications, est devenue le lieu de leur mémoire collective:

- c’est là qu’ils se sont rassemblés pour chasser le dictateur et sa famille;

- c’est de là qu’est parti le mot d’ordre que d’autres révolutionnaires vont reprendre à travers le monde: «DÉGAGES!»;

- c’est là qu’ils sont venus à nouveau défendre les libertés auxquelles le gouvernement Hamadi Jebali, sous l’égide de Rached Ghannouchi, essaye d’attenter;

- c’est là qu’ils sont venus dire leur rejet à l’obscurantisme que M. Ghannouchi et ses hommes leur préparent en livrant la Tunisie à des prédicateurs émissaires de l’émir du Qatar et de son rival le roi d’Arabie saoudite;

- c’est le lieu qu’ils ont choisi pour commémorer leurs fêtes nationales pacifiquement, dans la joie et la bonne humeur;

- c’est là qu’ils sont venus brandir leur drapeau national profané par des salafistes, dans une totale indifférence du gouvernement;

- et pour ressouder les Tunisiens autour de leur histoire commune, puisque le pouvoir en place veut la négliger, voir l’ignorer.

Initiative première en son genre et reprises dans de nombreuses villes de Tunisie; et dont beaucoup de médias étrangers ont salué l’originalité et la performance!

Décidément, les Tunisiens nous étonneront toujours par leur intelligence.

C’est comme ça qu’ils affirmeront toujours leur TUNISIANITE que des illuminés voudraient noyer dans une masse informe qu’ils appellent «arabo musulmane» aux couleurs qataries et saoudiennes!

Bravo aux organisateurs.

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Entre chariâ ou pas chariâ, la Tunisie balance!