Le gouvernement dément, puis se ravise et confirme l’existence de foyers de peste des petits ruminants dans plusieurs régions du pays annoncés lundi matin par Kapitalis.
L’information a été publiée en premier lundi matin par Kapitalis, avant d’être reprise par tous les médias (qui, comme d’habitude, n’ont pas cité leurs sources!): la peste des petits ruminants, qui attaque les ovins et les caprins, a développé plusieurs foyers à Sidi Bouzid, Gafsa et Ariana. Jusqu’au 2 août, on a enregistré 32 cas, ayant entrainé la mort de 23 bêtes sur un total de 1.849 cas sensibles.
L’information émanant de l’Organisation mondiale de la santé animale (Oie), qui cite pour sa part un rapport émis par Dr Abdelhak Benyounès, directeur général des services vétérinaires, à la direction générale des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture Tunisie, ne souffre aucun doute.
Pourtant, la présidence du gouvernement a annoncé sur sa page facebook qu’un démenti de cette information va être publié incessamment par le ministère de l’Agriculture.
Mieux (ou pis): Habib Joumli secrétaire d’Etat à l’Agriculture, a cru pouvoir démentir formellement cette information, quelques heures plus tard, sur Shems FM. Le problème c’est qu’il a été démenti à son tour par un communiqué de la Direction générale des services vétérinaires de son propre département. Le ministère a annoncé, en effet, dans un communiqué publié lundi soir, la découverte récemment en Tunisie de cas de peste des petits ruminants (ovins et caprins: moutons et chèvres).
Le ministère «annonce» (sic!), il ne confirme pas ce qui a… déjà été annoncé douze heures plus tôt par Kapitalis. Et cite les derniers chiffres enregistrés de l’épidémie: 22 troupeaux affectés (3.482 têtes d'ovins et caprins) avec un taux de mortalité «assez faible» (55 cas). Il ne s’agit donc plus de démenti, mais de confirmation chiffres à l’appui. On atteint là le sommet de l’improvisation et de l’amateurisme.
Voilà donc la communication gouvernementale dans toute sa splendeur!
Le soir, l’agence Tap reprend le communiqué tel quel, sans citer bien sûr Kapitalis, comme s’il s’agissait d’une nouvelle annonce gouvernementale : «Aux mois de juin et juillet 2012, on a enregistré 77 cas de maladies. Les foyers de peste ont été trouvés dans les centres d'engraissement, précise la même source, estimant que ‘‘la situation est normale et sous contrôle’’», lit-on notamment
«Cette épizootie ne représente aucun danger pour la santé humaine. Il s'agit d'une maladie animale qui attaque les petits ruminants sans être contagieuse pour l’homme» que ce soit par le contact directe avec l'animal malade ou le fait d’en manger la viande. En somme rien de plus que ce qui a déjà été écrit par Kapitalis.
L’élément nouveau sur lequel le ministère insiste c’est «que cette maladie n’était pas nouvelle en Tunisie et qu’elle existait depuis 2008 dans les pays du Maghreb.
En 2009, quatre foyers de peste ont été identifiés en Tunisie. En 2011, la maladie est réapparue avec des symptômes cliniques. Depuis 2006, un réseau de veille et de contrôle sanitaire permanent pour la peste des petits ruminants a été mis en place par la direction des services vétérinaires qui veille également au contrôle sanitaire des marchés d'animaux et des abattoirs».
Traduire : le gouvernement de la «troïka» n’y est pour rien. C’est le message que le ministre de l’Agriculture délivrera au télé-journal de 20h30 de la Watania 1. Il ne fallait tout de même pas laisser les "0,000'' exploiter ça!
I. B.
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