MARBRE3Le chef du gouvernement réunit un conseil ministériel, dimanche après-midi, au palais du gouvernement à la Kasbah consacré à un plan d’urgence en faveur de la ville de Thala. Effet d’annonce ou souci d’efficacité?

«Le conseil ministériel a décidé de faire de la ville de Thala (gouvernorat de Kasserine, nord-ouest) un pôle d’industrie de transformation du marbre», annonce l’agence officielle Tap, comme si Thala n’a pas toujours été, tout au long de son histoire, depuis l’antiquité romaine, «un pôle d’industrie de transformation du marbre»!

Rouvrir les usines fermées

Présidé par le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali, le conseil a, également, décidé la réouverture de l’usine de marbre à Thala dans les plus brefs délais et d’y porter le nombre des ouvriers de 150 à 200.

Ouf, il était temps de rouvrir ce qui était fermé : en guise de solutions au développement d’une région abandonnée, n’aurait-on pas pu trouver mieux?

Dans le même contexte, le conseil a décidé de mettre en place une commission pour trouver des solutions pragmatiques et rapides aux carrières de marbre dont l’activité a été suspendue dans cette région. Composée de représentants du ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice, cette commission doit se rendre aujourd’hui à Thala pour faire un état des lieux des carrières, au cas par cas, indique encore la Tap. On peut aussi compter sur cette commission pour nous réinventer… le marbre de Thala!

Thala en manque de «dialogue positif et constructif»

Selon un communiqué de la présidence du gouvernement, le conseil ministériel d’hier a permis d’examiner les moyens d’activer la loi de finances complémentaire destinée à cette région. Et tout en exprimant sa compréhension face à la marginalisation dont avaient souffert les habitants de Thala ainsi que de plusieurs autres régions sous les anciens régimes, la présidence du gouvernement appelle les habitants de ces régions à engager un «dialogue positif et constructif» avec les autorités locales et régionales concernant «leurs revendications et leurs attentes légitimes».

Traduire: les habitants de Tama sont priés de cesser de manifester leur colère et de chasser les responsables dépêchés sur place, tous souvent issus du parti islamiste Ennahdha!

La réaction n’a pas attendu: des manifestations ont eu lieu aujourd’hui dans cette ville déshéritée où les habitants, qui ont payé du sang de leurs enfants la chute de la dictature, sont las d’attendre des investissements et des emplois qui ne viennent pas.

Autant dire que le conseil ministériel d’hier à la Kasbah et ses décisions sans lendemain n’ont pas réussi à calmer la colère des gens de Thala, au contraire…

I. B.