Les militants du parti Al-Jomhouri-Section Paris-Centre mettent en question la transparence de l'opération de cession de 13% du capital de la Banque de Tunisie (BT) au fonds d'investissement Royal Luxembourg.

 Dans une lettre adressée aux membres de l'Assemblée nationale constituante (Anc), rendue publique mercredi, Al-Jomhouri Section Paris-Centre, reviennent sur cette opération de cession qui n'a pas été entourée, selon eux, de toutes les conditions de transparence requises.

Le fonds italo-luxembourgeois a remporté les enchères de cession pour un montant de 218 millions de dinars (MD). Cependant, cette cession pourrait constituer un précédent grave pour l'Etat tunisien, qui vend ainsi un actif à «un fonds d'investissement très opaque et dont l'origine des ressources n'est pas claire».

Royal Luxembourg est une société de participations financières. C'est un modèle d'entreprises bien développé au Luxembourg (paradis fiscal par excellence). C'est le type même de fonds qui «cherche généralement à faire des activités spéculatives». Réputé pour son «opacité» et sa recherche du minimum possible de contraintes, de surveillance et de fiscalité, «ce type de fonds pourrait occulter un risque de blanchiment d'argent.»

Aussi, concluent les militants d'Al-Jomhouri, «il s'agit d'une acquisition dont les objectifs ne conviennent pas à une banque réputée parmi les meilleures sur la place financière tunisienne».

Ayant effectué «une recherche approfondie» sur Royal Luxembourg, ces derniers ont découvert qu'il est «inconnu des places financières européennes», car «faisant preuve d'opacité en termes d'organisation et d'actionnariat».

Sur la base de données Bloomberg, l'outil incontournable pour l'exploration du monde de la finance internationale, il y a peu d'informations sur ce fonds et pas la moindre information sur sa rentabilité, donnée nécessaire pour attirer les investisseurs et inspirer la confiance.

La Tunisie étant aujourd'hui en période de transition démocratique, les signataires de la lettre exigent «plus d'informations, de transparence et de lucidité sur tous les aspects juridiques et financiers de la cession, les motivations du gouvernement et surtout les finalités et les objectifs inhérents» (à l'opération de cession).

Le fait que le fonds luxembourgeois postule à l'achat de 13% de la BT à un prix qui dépasse celui offert par la CIC, grand groupe bancaire français déjà actionnaire de la BT et qui a un intérêt stratégique dans le rachat de ces 13%, démontre qu'il «n'est pas très regardant sur les prix offerts et est prêt à surpayer les actifs, ce qui est très loin des stratégies classiques des fonds d'investissement et conforte la piste du blanchiment d'argent».

«La Tunisie a eu la confirmation officielle pour accueillir le 16e congrès de l'organisation mondiale International Transparency en 2014. Nous devons donner l'exemple à toute la communauté internationale. Ceci est d'autant plus vrai que dans la conjoncture actuelle extrêmement vulnérable, toute déstabilisation du système bancaire et financier tunisien peut avoir des répercussions lourdes sur l'avenir du pays, hypothéquant au passage la possibilité d'un redémarrage d'une économie saine en Tunisie», lit-on encore dans la pétition.

I. B.