Tout en exprimant leur volonté d'aider à la relance du tourisme tunisien en France, les opérateurs français du secteur ont exigé, en retour, plus de stabilité et de visibilité politiques.
En marge de la rencontre économique Tunisie-France initiée par l'Utica et le Medef International, un atelier spécial a été dédié au partenariat tuniso-francais dans le domaine touristique.
Un grand besoin de visibilité politique
Le débat a réuni les professionnels tunisiens avec leurs hôtes membres de l'organisation patronale françaises. Ces derniers ont exprimé leur volonté, ainsi que celle du patronat français, de soutenir la relance du tourisme tunisien et de faire en sorte que la Tunisie soit mieux perçue auprès des opérateurs économiques et des touristes français.
Ils estiment que l'efficacité de cet engagement est largement tributaire de plusieurs conditions, dont la sécurité physique et celle de l'investissement, et l'élaboration d'un calendrier précis pour les prochaines élections, dont la date pourrait entraver la prochaine haute saison. Traduire : des élections en plein été auraient pour conséquence de retarder l'arrivée des touristes, étant entendu que ces derniers éviteraient de se rendre dans un pays pouvant vivre des agitations politiques suite à des élections non réussies.
Certains opérateurs français ont évoqué d'autres sujets tout aussi importants : la date de promulgation du nouveau code d'incitation aux investissements, actuellement en cours de révision, et celle de l'ouverture annoncée – mais toujours retardée – du ciel aux compagnies aériennes étrangères, et notamment européenne (open sky).
Faiblesses structurelles et engagements internationaux
Elyes Fakhfakh, ministre du Tourisme, ne pouvait répondre à ces questions qui ne relèvent pas de ses compétences. D'autant que le gouvernement n'est pas plus avancé que lui sur ces questions : dates des élections, de la promulgation du nouveau code et de l'ouverture du ciel.
Il a cependant donné un éclairage sur la reprise du secteur touristique qui a enregistré des réalisations conformes aux prévisions, avec notamment l'objectif de 6 millions de touristes au terme de 2012.
Le ministre a admis que le tourisme tunisien, malgré une expérience de plus de cinquante ans, souffre de plusieurs faiblesses structurelles. C'est ce qui a amené le gouvernement à valider une nouvelle stratégie visant à combler les retards identifiés en matières de diversification du produit, de maîtrise de l'outil numérique, de gouvernance du secteur et d'accessibilité aérienne. Il a, dans ce contexte, annoncé la création d'une unité de gestion par objectif chargée de coordonner la mise en place et l'exécution de cette stratégie.
Evoquant un autre mal chronique de l'industrie touristique tunisienne, l'endettement, qui plombe depuis des années la croissance du secteur, le ministre a précisé que la solution se profile déjà grâce au concours des experts de la Banque mondiale et de la Banque centrale Tunisie (Bct), très mobilisées sur cette question.
Le code d'incitation aux investissements, qui comportera plusieurs clauses relatives au secteur et à la promotion du tourisme alternatif, sera promulgué au plus tard en février 2013, a indiqué le ministre.
Quant à l'open sky, dont les négociations ont déjà démarré avec l'Union européenne, il est désormais une option irréversible, a-t-il ajouté, sans plus de précision, sachant que cette question va achopper à la résistance des syndicats des compagnies aériennes nationales, appréhendant cette échéance.
I. B.