Le gouvernement tunisien et la lutte contre la corruption : les mots à la place des actes!En matière de lutte contre la corruption, de justice transitionnelle et de rapatriement des avoirs à l'étranger de l'ex-clan au pouvoir, le gouvernement se contente d'organiser des... séminaires et des forums.

Beaucoup de parlote sur ce qu'il convient de faire, et peu d'actes pour réformer les systèmes en place : voilà en quoi se résume l'action du gouvernement, plus d'un an après son installation.

Rien n'avance dans le pays sur les plans politiques, économiques, et social, alors que les responsables du gouvernement se gargarisent des solutions et des remèdes à mettre en route. Cela s'appelle faire du surplace...

Effets d'annonce et poudre aux yeux

Le Forum international sur la lutte contre la corruption, organisé les 6 et 7 décembre, à Tunis, ne déroge pas à cette règle instaurée par la «troïka» au pouvoir: tout bouge pour que rien ne change, les mots tenant lieu d'actes et les effets d'annonce mettant sans cesse de la poudre aux yeux de citoyens.

Ce forum est arrivé à une conclusion résumée par l'agence Tap en cette recommandation: «Mettre en place une stratégie nationale de lutte contre la corruption et garantir la coordination entre les différentes institutions de contrôle».

Oui, mais cela on le savait déjà. Mais qui est censée agir pour réaliser cet impératif, sinon le gouvernement qui, dans la réalité, fait tout pour se dérober à ses responsabilités dans ce domaine, par incompétence, incapacité ou calcul politique?

Samir Annabi, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlcc), cité par l'agence Tap, a déclaré, à l'issue du forum: «Les participants ont recommandé de diffuser la culture de lutte contre la corruption, de permettre à la société civile de s'impliquer dans cet effort à travers l'enracinement des principes de la justice transitionnelle et le renforcement des valeurs de la deuxième république».

Impliquer les composantes de la société civile

En ce qui concerne les politiques générales de lutte contre la corruption, M. Annabi a souligné que le forum a proposé de réviser les lois fiscales et de lutte contre la fraude dans ce domaine, de garantir la transparence dans les appels d'offre et de mettre en place des politiques claires de lutte contre la corruption.

Les participants ont été unanimes à souligner la nécessité de promouvoir la relation entre les institutions de l'Etat et les composantes de la société civile de manière à impliquer davantage celles-ci dans les grands dossiers nationaux.

S'agissant du rôle des médias et du droit d'accès à l'information, les participants ont recommandé d'inscrire la liberté d'opinion et d'expression dans la constitution et d'assurer un environnement sécurisé pour les journalistes afin de leur permettre d'investiguer et de dévoiler les affaires de corruption.

Dans le secteur public, il a été proposé d'instituer la déclaration des biens pour les fonctionnaires de l'Etat et de promouvoir les programmes de réforme administrative globale, tout en œuvrant à l'instauration du principe de l'alternance dans la fonction publique.

Pour le secteur privé, il a été recommandé de constituer une commission multipartite comptant des représentants des secteurs public et privé et des institutions pour élaborer des recommandations en matière de lutte contre la corruption.

Le Pnud offre son expertise

Les organisations patronales sont appelées, pour leur part, à élaborer leurs propres mécanismes de lutte contre la corruption.

Dans son intervention, le représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) en Tunisie, Mohamed Belhassine a fait savoir que le Pnud continue d'accompagner la Tunisie dans sa lutte contre la corruption, en étant disposé à lui offrir tout l'appui nécessaire.

De son côté, le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, a annoncé que la Tunisie abritera, les 14 et 15 décembre, une conférence internationale (encore une!) sur le recouvrement des avoirs détournés à l'étranger, notant que la Tunisie fait actuellement face au fléau de la corruption qu'il considère «l'une des plus dangereuses problématiques qui menacent les pays en cette phase de transition démocratique».

Le forum a vu la participation d'une pléiade d'experts et de juristes tunisiens et étrangers, ainsi que des représentants d'instances onusiennes.

I. B. (avec Tap).