Sept mois après avoir été dégradée par Standard & Poor's, la Tunisie subit la même sanction de la part de Fitch Rating, qui la relègue en catégorie spéculative. Qui faut-il «remercier» pour cette nouvelle contre-performance?

Fitch Rating vient, en effet, d'abaisser d'un cran la note de la dette à long terme de la Tunisie, de ''BBB-'' à ''BB+'', la faisant ainsi tomber dans la catégorie des emprunts spéculatifs, et l'accompagne toujours d'une perspective négative.

Incertitude politique 

L'agence d'évaluation financière a justifié cette dégradation, dans un communiqué diffusé mercredi, par le fait que «la transition économique et politique du pays s'avère plus longue et plus difficile que prévu, ce qui a accru les risques pesant sur ce processus».

L'agence souligne que «les troubles sociaux et les tensions politiques persistent», ce qui s'ajoute à l'incertitude entourant la transition politique.

De plus, les élections ont été repoussées à juin 2013 et Fitch craint d'autres reports. Or une campagne électorale prolongée n'incite pas à mener des réformes économiques et pourrait alimenter les troubles sociaux, souligne-t-elle.

De plus, Fitch s'inquiète du creusement simultané du déficit budgétaire et de celui des comptes courants, qui va entraîner une détérioration des ratios d'endettement du pays.

Ces déficits vont s'accroître à 7,2% et 7,5% respectivement cette année, selon l'agence, et s'établir à 6,6% et 6,8% l'an prochain. L'inflation devrait quant à elle atteindre 5,5% à la fin de l'année.

L'agence s'inquiète toujours de la qualité des actifs du secteur bancaire et de la faible transparence dans ce secteur.

Troubles sociaux

Malgré une croissance réelle du Pib qui devrait rebondir à 2,8% en 2012 et 3,5% en 2013, la généralisation et l'intensification de la violence sociale pourraient compromettre la transition politique et la reprise économique, ajoute Fitch, qui a récemment fermé son bureau historique de Tunis.

Cette dégradation de la note du pays intervient dans un climat de tensions en Tunisie, où les manifestations sociales dégénérant en violences et les attaques de groupuscules islamistes se multiplient sur fond d'impasse politique, faute d'un compromis sur la future Constitution.

I. B. (avec communiqué).