Gouvernement JebaliHamadi Jebali est persuadé que seul un consensus entre les partis politiques pourrait aider à rétablir la stabilité sécuritaire, économique et sociale. Pourquoi donc son parti, Ennahdha, fait-il tout pour empêcher ce consensus?

Le chef du gouvernement démissionnaire, qui s'exprimait à l'issue d'un conseil ministériel restreint, tenu vendredi à Dar Dhiafa, à Carthage, a indiqué que la relance de l'économie tunisienne reste tributaire d'un consensus entre les différents partis politiques, seul à même de rétablir la stabilité aux niveaux sécuritaire, économique et social.

Conséquences de la dégradation de la note souveraine

Le conseil, qui a réuni le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les ministres des Finances, de l'Investissement et de la Coopération internationale et le ministre en charge des Dossiers économiques et sociaux, a été consacré à l'examen de la situation économique et financière du pays. Il s'est tenu le lendemain de la décision du cabinet de notation Moody's de dégrader la note de la dette publique tunisienne d'un cran (de "Baa3" à "Ba1"), plaçant le pays dans la catégorie spéculative et n'excluant pas de la baisser encore, en raison de la crise politique que traverse le pays ainsi que de la situation des paiements extérieurs. Moody's a, également, annoncé qu'un nouvel abaissement reste possible et que la note actuelle est placée sous surveillance. Ce qui va compliquer davantage les prochaines sorties de la Tunisie sur les marchés financiers internationaux

Pour Ridha Saidi, ministre chargé des Dossiers économiques et sociaux, qui prenait part à la réunion, cet abaissement de la note souveraine de la Tunisie est du à la crise politique que traverse le pays et au retard accusé dans la composition d'un nouveau gouvernement.

Le FMI n'impose rien à la Tunisie, estime Jebali

En ce qui concerne la relation de coopération de la Tunisie avec le Fonds monétaire international (FMI), M. Jebali a indiqué que «cette institution n'a pas imposé au pays des conditions supplémentaires à celles que la Tunisie s'était fixée elle-même, notamment, en matière de réforme du secteur financier et bancaire, les salaires et le système de compensation».

Il répondait ainsi aux critiques émanant de certains partis de l'opposition, notamment du Front populaire, qui ne cesse de dénoncer la politique d'endettement de l'actuel gouvernement et sa soumission aux dictats des bailleurs de fonds internationaux.

M. Jebali a mis en garde, à ce propos, contre «la politisation de cette question afin de ne pas induire en erreur l'opinion publique». «Plusieurs parties ont contribué à la diffusion d'une mauvaise image de la situation sociale et politique, ce qui a abouti à une dégradation de la situation économique de la Tunisie», a encore ajouté M. Jebali.

Parmi les secteurs économiques qui ont été touchés, il a cité le tourisme et l'investissement.

Pour sa part, Ridha Saidi, ministre chargé des Dossiers économiques et sociaux, a affirmé que «l'année 2012 a été marquée par une reprise économique, interrompue par les divergences politiques.»

En effet, certains secteurs économiques ont connu une reprise, malgré les tensions sociales enregistrées en 2012, a-t-il soutenu. Et d'ajouter que le taux de chômage a atteint, en 2012, 16,7%, contre 18,9% en 2011.

Le gouvernement table sur une croissance de 4,5% en 2013

Côté perspectives, le ministre a indiqué qu'il est prévu de réaliser, en 2013, un taux de croissance de 4,5%, taux qui avait déjà été jugé très ambitieux par le gouverneur même de la BCT qui se satisferait, lui, très largement, d'un taux réaliste et réalisable à 3 ou 3,5%.

Le déficit budgétaire sera de l'ordre de 5,9% en 2013, contre 6,6% en 2012, a encore estimé M. Saidi. Il a appelé, dans ce cadre, à prendre toutes les dispositions nécessaires afin de maîtriser les équilibres généraux et limiter le déficit budgétaire.

Toutefois, l'enveloppe allouée à la compensation pourra atteindre, en 2013, environ 5.500 millions de dinars (MD), a-t-il précisé, contre 4.200 MD prévus dans le cadre du budget de l'Etat.

Evoquant la capacité de remboursement de la Tunisie, M. Saidi a affirmé que le pays est en mesure d'honorer ses engagements financiers vis-à-vis de ses partenaires internationaux.

La question est de savoir jusqu'à quand, eu égard surtout au blocage politique actuel, dont Ennahdha, qui persiste dans sa volonté de faire cavalier seul (avec une poussière de partis non représentatifs), assume l'entière responsabilité.

I. B.