rabel jerad 10 6Les pertes de Tunisair se sont élevées à 134 millions de dinars (MD) en 2011 et 125 MD en 2012. Ses dettes ont atteint aujourd’hui 157 MD, alors que la compagnie aérienne nationale a besoin de renouveler sa flotte et d'acquérir de nouveaux avions.

Ces données pour le moins inquiétantes ont été présentées par le Pdg de la société, Rabeh Jrad, lors de son audition, vendredi, par la commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption à l'Assemblée nationale constituante (ANC), à propos des dossiers de la corruption et leur impact sur les équilibres de Tunisair ainsi que les stratégies du transporteur national pour surmonter ses difficultés financières actuelles : déficit financier, endettement, baisse du rendement, manque d'équipements, etc.

Mauvaise gestion et corruption endémique

Selon M. Jrad, la flotte de la société est confrontée à des difficultés financières pour le règlement des prix des pièces de rechange et du carburant. Ces difficultés sont dues, principalement, à la mauvaise gestion et à la corruption dont a souffert la société sous l'ancien régime.

Cette corruption consistait, selon le Pdg de Tunisair, en les dépenses des voyages de la présidence de la république, les cadeaux, les recrutements anarchiques, les avantages accordés aux responsables, notamment ceux proches de la famille du président déchu.

Tous ces faits ont fait l’objet de dossiers qui ont été déjà soumis à la justice, a précisé M. Jrad. Les difficultés sont également imputées à la situation économique et politique qui prévaut dans le pays depuis la révolution de janvier 2011.

Pour contrecarrer le déficit financier et les dettes de la société, deux avions présidentiels ont été mis à la vente, mais l'opération de cession n'a pas encore eu lieu en dépit des promesses d'achat présentées par des clients étrangers. De même, les recrutements ont été gelés pour les années 2013 et 2014, la compagnie devant même dégraisser ses effectifs pléthoriques, dont une bonne partie n'est d'aucune utilité, si elle ne handicape pas le fonctionnement de l'entreorise et réduit ses marges et sa compétitivité.   

Le programme des nouvelles acquisitions d'avions a également été réduit et une stratégie commerciale a été mise en place, basée sur l'ouverture de nouvelles lignes et l'amélioration des services, tout en encourageant la rationalisation des dépenses, notamment salariales.

Maîtrise des dépenses et optimisation des ressources

Dans le cadre de cette même stratégie, Tunisair va annuler quelques lignes, commercialement peu viables, et en ouvrir d'autres, plus prometteuses, telles celles avec la Libye. Les voyages vers ce pays voisin vont ainsi passer de 60 par semaine à 80. Cette mesure sera concrétisée lors de la visite effectuée, samedi et dimanche, à Tripoli, par une délégation de la compagnie et du ministère du Transport, a encore précisé M. Jrad.

Sur un autre plan, la direction de l'audit et de l'inspection au sein de Tunisair ainsi que ses bureaux à l'extérieur ont été renforcés, de manière à mieux gérer le budget de la société et ses compétences, notamment après avoir fixé des critères objectifs pour les nouveaux recrutements et limité les avantages octroyés au personnel. Plusieurs représentants de Tunisair à l'étranger ont ainsi été remplacés et sanctionnés pour mauvaise gestion ou erreurs professionnelles.

I. B. (avec Tap).

Illustration: Rabeh Jrad,Pdg de Tunisair.