Hier, Moody’s a, une fois de plus, baissé la note souveraine de la Tunisie à Ba3. Elle a justifié son verdict sans appel par l’incertitude politique et la montée de l’extrémisme religieux dans le pays.
Moody’s, qui n’y est pas allée par quatre chemins en enfonçant ce clou dans le cercueil de l’économie tunisienne, confirme ce que nous disait, au début de ce mois, l’autre agence internationale de notation, Fitch Rating, qui, à son tour, avait rejoint Standard & Poor’s. Bref, l’économie tunisienne est à trois niveaux, nous avertit Moody’s, de la complète banqueroute. Avec la note Ba3 de Moody’s, nous devrions comprendre que les espoirs de sauvetage de notre économie sont très minimes, voire inatteignables. Moody’s a pris le soin de rappeler qu’elle avait déjà sonné l’alarme en mai dernier et qu’elle avait reproché aux autorités tunisiennes leurs lenteurs (à achever le processus de transition et à mettre en œuvre les réformes nécessaires, par exemple) et les divisions politiques qui n’ont jamais cessé de paralyser le développement du pays. L’agence de notation internationale n’a pas manqué d’énumérer les nombreux facteurs qui justifient son pessimisme quant à la situation économique tunisienne, notamment, les lourds déficits et la fragilité du secteur bancaire. Pire que la dégradation historique de la note souveraine de la dette tunisienne: l’inconscience du gouvernement et le laxisme de la coalition au pouvoir dominée par le parti islamiste Ennahdha, qui fait comme si elle devait rester aux commandes éternellement, avec un bilan pour le moins catastrophique. Marwan Chahla |