La Commission tunisienne des analyses financières (CTAF) a recensé plus de 200 financements suspects de partis et d’associations en Tunisie, signalés par des banques. Mais les moyens de contrôle restent très limités.
La Tunisie compte 150 partis et 16.000 associations. Certaines de ces «officines» (et c’est le cas de le dire), qui se sont multipliées comme des petits pains au lendemain de la révolution, présentent une défaillance en matière de contrôle et d'audit financiers. La CTAF indique que les partis tunisiens ne communiquent pas sur leurs financements. Le seul parti à l'avoir fait, c'est l'Alliance démocratique. Les autres, dont certains disposent de budgets importants, comme Ennahdha ou Nida Tounes, gardent le mystère sur leurs sources de financement. Le président de l'Association tunisienne de lutte contre la corruption (ATLC), Ibrahim Missaoui, qui s’exprimait, mardi, sur Mosaïque FM, a alerté l’opinion sur les sources de financement, non déclarées, des partis politiques et les associations. Et qui, dans de nombreux cas, posent de graves problèmes: influence politique étrangère, blanchiment d’argent, financement d’activités illégales, comme l’envoi de jihadistes en Syrie, etc. Habib Koubaa, directeur général auprès du ministère de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, a souligné, pour sa part, l’existence de mécanismes administratifs de contrôle des sources de financement des partis et des associations, tout en déplorant le fait que l’administration manque de moyens techniques et humains pour pouvoir étendre ses activités de contrôle à tous les partis et à toutes les associations. D’où donc le désordre et le laisser-aller actuels qui laissent la porte ouverte à tous les abus. Par ailleurs, l'absence de loi protégeant les dénonciateurs de la corruption n’aide pas à renforcer les contrôles, indique aussi M. Koubaa. Conséquence de toutes ces carences : les associations aux financements douteux se sont multipliés depuis la révolution. Et cela ne concerne pas seulement les associations dites «islamistes», qui recueillent les fonds au profit des partis de la même mouvance, sinon même pour les groupes extrémistes religieux. Y. N. M. |