conect tarak cherif 12 25La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) se félicite du début de dénouement de la crise dans le pays avec le choix du nouveau chef du gouvernement et la formation d’un futur cabinet de compétences indépendantes.

Le conseil administratif de la Conect, réuni à Djerba (sud-est), en présence des membres du bureau exécutif national, des présidents des bureaux régionaux de l’organisation et des présidents des groupements professionnels sectoriels, a estimé, dans un communiqué publié à l’issue de ses travaux, que «cette évolution peut constituer un signe d’apaisement face à la profonde préoccupation exprimée, surtout par les milieux des affaires, concernant la situation économique, financière et sociale du pays et l’évolution inquiétante des principaux indicateurs économiques», notamment ceux relatifs à la croissance du PIB, aux investissements, aux balances commerciale et des paiements, aux réserves en devises, à l’endettement, à l’augmentation considérable des dépenses de fonctionnement aux dépens des investissements et des projets de développement, à l’emploi et à la dégradation continue de la note souveraine de la Tunisie.

«La Conect considère que la formation prochaine d’un nouveau gouvernement de compétences indépendantes devrait constituer un message pouvant aider au rétablissement du climat de confiance dans le pays et une opportunité qu’il convient de saisir pour prendre les mesures urgentes nécessaires et introduire les réformes à même de relancer les investissements, le développement régional et la création d’emploi, tout en maîtrisant l’inflation, les déséquilibres financiers et commerciaux et l’endettement», ajoute l’organisation dans son communiqué.

Tout en attirant l’attention des Tunisiens sur «la gravité de la situation économique et financière du pays», le Conect lance un appel à toutes les parties concernées politiques, syndicales et composantes de la société civile, pour agir et sauver cette situation.

Dans ce cadre, elle souligne la «nécessité absolue» d’annoncer des «échéances proches et définitives pour l’élaboration de la constitution, l’organisation des élections et la lutte contre la violence et le terrorisme». Car, ajoute-t-elle, «la relance de l’initiative et des investissements ne peut être assurée en l’absence de visibilité et de sécurité.»

La Conect appelle également à mettre en place un «programme national d’exception et d’urgence pour le sauvetage des PME-PMI en difficulté», ces entreprises représentant plus de 80% du tissu économique tunisien rappelle-t-elle.

L’organisation souligne, par ailleurs, la nécessité de lutter contre la contrebande et l’économie informelle, «qui sont devenues des menaces réelles pour notre économie». Cette lutte doit, selon elle, «constituer une grande priorité nationale afin de sauver nos entreprises structurées et organisées ainsi que les richesses et les emplois qu’elles créent.»

L’organisation souligne également «la nécessité de valoriser le travail et l’initiative, qui constituent les vraies solutions au développement de notre pays et à la création d’opportunités d’emplois et d’éviter toutes les entraves à la liberté du travail.»

La Conect appelle aussi à lancer «un dialogue national sur la réforme fiscale, la promotion des investissements, le développement régional, la création d’emplois et les modalités de financement et de fonctionnement de la Caisse générale de compensation». Elle rappelle, dans ce cadre, «la nécessité de surseoir, dans les circonstances actuelles difficiles, à toutes mesures qui risquent de compliquer encore la situation et entrent plutôt dans le cadre de réformes qu’il convient de traiter au niveau de visions stratégiques globales par les structures et les instances appropriées.» L’organisation cite, à cet égard, le nouveau code des investissements et la réforme fiscale, qui font l’objet de critiques de la part des opérateurs économiques.

Evoquant le projet de la loi de finances 2014, la Conect estime qu’il est «totalement inadapté et engendrerait un accroissement de la pression fiscale pour les citoyens et pour les entreprises organisées.» «Certaines de ses dispositions, notamment celles relatives à l’imposition des sociétés exportatrices et des dividendes, risquent d’affecter davantage l’investissement», note l’organisation, déplorant au passage qu’«aucune disposition pertinente n’est prévue pour mieux contrôler le régime forfaitaire et l’adapter.»

Last but not least, la Conect appelle à des «mesures structurelles de soutien aux entreprises économiques par la prise en charge partielle par l'Etat du différentiel entre le taux d'intérêt des prêts octroyés par les établissements de crédit au profit des PME-PMI et le taux moyen du marché monétaire dans la limite de fourchettes qui seraient fixées en fonction des priorités sectorielles.»

Le conseil administratif de la CONECT lance, enfin, un appel au futur gouvernement et à toutes les parties concernées «pour que le développement soit désormais considéré comme une priorité nationale et que des mesures urgentes et audacieuses soient prises dès la formation du nouveau cabinet.»

I. B. (avec communiqué).

Illustration: Tarak Cherif, président de la Conect.