budget argent 12 25Les projets de budget de l’Etat et loi des finances 2014, dont l’examen a commencé mercredi à l’Assemblée, sont loin de faire l’unanimité parmi les partis, de gauche comme de droite, qui les ont vivement critiqués.

Le Parti des patriotes démocrates unifié (Watad, gauche radicale) estime que le budget de l'Etat pour 2014 «va aggraver la crise économique et les disparités entre les catégories sociales et conforter les intérêts du capitalisme national et étranger». Pour les responsables de ce parti, ce budget constitue «un déni des revendications de la révolution, en matière d'emploi et de développement régional».

Le Watad critique notamment les hypothèses adoptées pour le projet de budget, soit un taux de croissance de 4%, un prix du baril de pétrole à 110 dollars et un taux de change de 1,67 dinar pour 1 dollar, estimant que le projet «est conforme aux directives du Fonds monétaire international (FMI)», ce qui est un défaut majeur aux yeux des dirigeants de ce parti, pour la plupart issus de la gauche travailliste sinon prolétarienne et anticapitaliste.

Nida Tounes, parti libéral s’il en est, et qui compte dans ses rangs de nombreux capitaines d’industrie, met en doute, lui aussi, la capacité de l'économie tunisienne, aujourd’hui en pleine crise, à réaliser les 4% de croissance prévu par le projet, d’autant que ce projet n'encourage pas la croissance, s’il ne la freine pas avec des dispositions alourdissant les charges fiscales des contribuables : citoyens et entreprises.

Nida Tounes met aussi l’accent sur les difficultés que confronte aujourd’hui l'économie tunisienne en matière de mobilisation de ressources extérieures en raison de l'incertitude de la situation politique et de la dégradation de la notation de la Tunisie.

El-Qotb, parti de gauche, estime, pour sa part, que le budget de l’Etat 2014 est «un budget d'austérité» et qu’il aura «un impact négatif sur la classe moyenne».

Pour El-Qotb, le gouvernement actuel continue de suivre le même modèle financier libéral, en vigueur depuis plusieurs décennies en Tunisie et qui privilégie la préservation des équilibres macroéconomiques au détriment des régions et catégories sociales à faible revenu.

Même approche chez Al-Massar, parti de centre-gauche, qui estime que le projet de la loi des finances pour 2014 va affaiblir le pouvoir d'achat du citoyen, appauvrir la classe moyenne et les catégories vulnérables et approfondir la crise socio-économique.

Indépendamment du caractère idéologique de certaines réactions et la prédominance des revendications corporatistes (travailleurs, patrons, agriculteurs, etc.) caractérisant certaines réactions vis-à-vis du budget de l’Etat et de la loi de finances 2014, celles-ci témoignent du marasme dans lequel se trouvent le pays, ainsi que ses élites politique et économique.

Mais par-delà le débat, qui semble très contradictoire, l'adoption en plénière des deux projets ne doit pas poser de problèmes au gouvernement compte tenu de la configuration actuelle de l'Assemblée où la coalition formant le gouvernement (Ennahdha, Congrès pour la république, Ettakatol) dispose d’une majorité confortable.

Aussi, sauf imprévu – sachant que des voix dans l’opposition appellent à renvoyer l’examen des deux projets pour après le 14 janvier 2014 –, les deux textes devraient être adoptés dans moins d'une semaine, de manière à respecter l'échéance du 31 décembre, conformément à la loi organique du budget.

I. B. (avec Tap).