L’indice de la Bourse de Tunis a perdu depuis le début de la semaine 1,9% point, plombé par le tableau peu reluisant de l’économie tunisienne dressé, lundi dernier, par le président du gouvernement provisoire Mehdi Jomaa.
La baisse du Tunindex, entamée depuis le début de la semaine, s’est poursuivie vendredi par un repli de -0,18%. Outre les chiffres inquiétants avancés par M. Jomaa, le climat de morosité qui s’est emparé de la place de Tunis est dû également, selon Mohamed Bichiou, directeur général de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), cité par l'agence Tap, à «la poursuite des mouvements de protestation et de l’agitation sociale», notamment dans région du bassin minier de Gafsa, où la production et le transport du phosphate ont été interrompus pendant une dizaine de jours. Les investisseurs perplexes Dans son analyse boursière quotidienne, Mena capital partners (MCP) a expliqué la baisse, vendredi, du Tunindex par la publication des états financiers de l'Union internationale des banques (UIB). En annonçant la comptabilisation d'une provision supplémentaire de 127,3MDT, la banque «a semé la panique sur la place et précisément au sein du secteur bancaire», indique MCP. Cette comptabilisation vient en application de la circulaire de la Banque centrale de Tunisie (BCT), promulguée le 30 décembre 2013, et exigeant des banques des provisions supplémentaires sur les crédits classés classe 4, qui sont assortis d'une garantie hypothécaire. Pour M. Bichiou, il ne s'agit guère d'un état de panique mais plutôt d'une assimilation du marché de l'impact de la circulaire de BCT. Suite à la comptabilisation d'une provision supplémentaire, l'investisseur s'attend à ce que le montant des dividendes qu'il va percevoir va diminuer du fait que cette provision constitue une charge et va impacter négativement, par conséquent, les résultats de la banque, a expliqué M. Bichiou. Evoquant le comportement en bourse du secteur bancaire, suite à la première publication faite par l'UIB de ses états financiers, selon les nouvelles règles de provisionnement complémentaire édictées par la circulaire de la BCT, M. Bichiou a estimé que le rendement du secteur ne peut pas baisser davantage. Et pour cause : le secteur bancaire a régressé de manière considérable après la révolution, ce qui fait que les investisseurs ont d'ores et déjà assimilé les pertes enregistrées sur ces titres bancaires. Pour le titre UIB, M. Bichiou a fait savoir qu’il s’est valorisé, depuis le début de l'année, de 28%, expliquant la baisse enregistrée vendredi (-6%) par l'impact de la publication des états financiers, conformément à la circulaire de la BCT, conjugué à l'effet des prises de bénéfices. Un manque de visibilité Pour ce qui est du rendement de l'indice de la place, le responsable a indiqué que le Tunindex a enregistré une nette amélioration depuis le début de l'année, confortée par un regain de confiance, suite à la fin de la crise politique et à la promulgation de la nouvelle constitution. Cet optimisme a cédé sa place, cette semaine, à un manque de visibilité auprès des investisseurs, suite au discours, prononcé lundi par le chef du gouvernement provisoire, et qui a fait état d'une situation économique difficile qui risque de s'aggraver si des mesures d'urgence ne sont pas prises. Au terme de son analyse M. Bichiou a affirmé que le marché boursier dispose d'un potentiel important, tant en termes de rendement que de financement de l'économie. C'est ainsi que la bourse s'apprête à organiser la deuxième édition du salon de la bourse et des services financiers, Investia, en avril prochain, au siège de l’Utica, la centrale patronale. I. B. (avec Tap). |