mati ayari 3 24La mission du Fonds monétaire international (FMI) a donné son accord préliminaire pour octroyer à la Tunisie 225 millions de dollars, environ 355 millions de dinars (MD), au titre de la 4e tranche du prêt de garantie.

Ce décaissement s'inscrit dans le cadre de l'accord de confirmation de 24 mois adopté en juin dernier par le FMI en faveur de la Tunisie et portant sur un plan d'aide de 1,7 milliard de dollars (2,7 milliards de dinars), destiné à appuyer le programme de réformes économiques du pays.

En attendant l'approbation du CA du FMI

Une première tranche évaluée à 150 millions de dollars a été décaissée dès la signature de l'accord en 2013, alors que la deuxième et la troisième tranche respectivement estimées à 250 millions de dollars et 500 millions de dollars au titre de l'année 2013, ont été décaissées en janvier 2014.

Amine Mati, chef de la délégation du FMI qui a effectué une visite à Tunis, du 6 au 24 mars, a indiqué que le conseil d'administration du FMI tiendra sa réunion en avril 2014, pour examiner le rapport qui sera présenté par sa délégation relatif à la conjoncture économique en Tunisie et aux réformes structurelles introduites dans les domaines économique, financier et social.

«Cet accord entre les deux parties reste sujet à l'approbation du conseil d'administration du FMI», a affirmé M. Mati.

Intervenant, lors d'une conférence de presse, lundi à Tunis, réunissant le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et le ministre de l'Economie et des Finances Hakim Ben Hammouda, M. Mati a mis l'accent sur «les avancées importantes sur le plan politique qui ouvrent la voie à des perspectives claires à même de réduire l'attentisme des investisseurs».

Des ombres au tableau

«Toutefois, la situation économique demeure encore très fragile avec un taux de croissance qui reste insuffisant pour répondre aux attentes sociales très importantes de la population», précise le responsable du FMI. Et d'ajouter que «la reprise de l'économie tunisienne demeure timide, avec un taux de croissance réel estimé à 2,6% en 2013, tiré essentiellement par les services publics et privés, et qui resterait proche de 2,8% en 2014».

Dans son communiqué, la délégation du FMI n’a pas caché son inquiétude face au «déficit des transactions courantes (qui) s'est creusé à 8,4% en 2013, suite à la faiblesse des exportations des phosphates et au faible niveau des recettes touristiques». «L'inflation globale s'est réduite à 5,5% à la fin février 2014, et devrait rester stable suite à un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires».

Pour la délégation du FMI «les risques à court terme pour les perspectives de l'économie tunisienne restent importants, particulièrement en cas de prolongement de la transition politique, d'un regain de tensions sécuritaire ou d'une baisse de la conjoncture économique des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie».

Accélérer les réformes économiques et financières

Pour faire face aux défis importants que traverse la Tunisie, des actions immédiates sont nécessaires, préconise, par ailleurs, la délégation. Elle appelle à «maîtriser les déficits budgétaire, réduire les vulnérabilités croissantes du secteur bancaire, et générer une croissance plus élevée et inclusive qui puisse absorber le chômage et réduire les disparités sociales et économiques».

La délégation a également proposé, également, de poursuivre une politique monétaire restrictive et une politique de change plus flexible, afin de préserver la stabilité macroéconomique.

Autre recommandation: garantir la maîtrise de la masse salariale dans le pays et mettre en route une réforme fiscale qui garantit l'équité entre les composantes de la société.

La délégation du FMI a recommandé, en outre, de suivre la performance des entreprises publiques, de remplacer progressivement les subventions énergétiques par un système de protection sociale mieux ciblé, d'accélérer la mise en place d'une réforme bancaire et d'accélérer les réformes structurelles, telles que le nouveau code d'investissement, la loi sur la concurrence, la loi sur les faillites commerciales, ou la facilitation des échanges commerciaux.

Mobilisation des bailleurs de fonds internationaux

De son côté, le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a souligné que l'accord de principe relatif au décaissement de la 4e tranche du crédit, qui s'inscrit dans le cadre de l'accord de confirmation, aura un impact positif sur les partenaires économiques de la Tunisie. Il a affirmé que la BM s'est engagée à accorder à la Tunisie un prêt de 1.200 MD, au titre de l'année 2014, en plus du décaissement d'un milliard de dollars par an, durant les 3 prochaines années. Il a, en outre, rappelé que l'Union Européenne s'est engagée, elle aussi, à accorder plusieurs crédits à la Tunisie.

M. Ayari a mis l'accent sur la nouvelle dynamique observée au cours de la dernière période de la part des bailleurs de fonds internationaux afin de soutenir la reprise de l'économie tunisienne.

La visite du chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaa, au début de mois d'avril, aux USA, sera une occasion pour rétablir la confiance, a estimé le gouverneur de la BCT, ajoutant que M. Jomaa s'entretiendra au cours de cette visite avec des responsables du FMI et de la BM. Il a, par ailleurs, annoncé que la Tunisie accueillera les 7 et 8 avril 2014 une réunion des gouverneurs des banques centrales et des ministres des finances arabes.

I. B. (avec Tap).

Illustration: Amine Mati (FMI) et Chedly Ayari (BCT).