Fathi-ChamkhiLa société civile tunisienne appelle l’Union européenne à annuler les dettes de la Tunisie au lieu de lui octroyer de nouveaux crédits conditionnés, qui aggravent sa dépendance.

Fathi Chamkhi, porte-parole officiel du Rassemblement pour une alternative nationale du développement (Raid), a affirmé, dans une déclaration à l'agence Tap, que de nombreuses organisations de la société civile, en Tunisie et en Europe, estiment que le crédit d'un montant de 300 millions d'euros que l'Union européenne (UE) va octroyer à la Tunisie, risque d'aggraver l'endettement du pays.

Des conditions «dangereuses»

M. Chamkhi a précisé que le mouvement citoyen organisé, samedi, à Tunis, sur le thème de la «lutte contre la dictature de la dette», vise à sensibiliser les citoyens sur les risques des crédits conditionnés octroyés à la Tunisie, notamment, celui qui sera soumis au vote mercredi prochain à Strasbourg.

L'universitaire a qualifié de «dangereuses» les conditions imposées par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI) à la Tunisie en contrepartie des crédits octroyés.

Il a appelé le gouvernement tunisien à prendre en considération, lors de la mobilisation des ressources financières, des priorités du pays, «loin de toute dépendance de l'extérieur».

Le porte-parole du Raid a fait valoir que de tels crédits conditionnés vont faire monter davantage les prix, faire geler les salaires et aggraver l'endettement de la Tunisie. Ils vont, en outre, imposer un contrôle étranger sur les décisions du gouvernement tunisien, préparer le terrain pour la cession de banques, des entreprises et des terres agricoles au profit d’investisseurs étrangers et contribuer à la destruction du système de couverture sociale.

Pour ces raisons, des organisations de la société civile ont appelé le Parlement européen à annuler les dettes de la Tunisie au lieu de lui octroyer de nouveaux crédits conditionnés, au risque d’aggraver sa dépendance.

Une politique néo-libérale d'austérité

Le représentant du Centre international de coopération pour le développement, Antonio Gambini, a estimé, pour sa part, que «la Tunisie serait contrainte, à cause de ce crédit, de se soumettre à la politique néo-libérale d'austérité qu'impose le FMI». Une politique qui, selon lui, «a déjà montré ses limites dans certains pays comme la Grèce, où elle a mené à des catastrophes sociales».

Les organisateurs du mouvement ont lancé un appel, signé par plusieurs Ong et structures associatives, telles que l'Union générale des étudiants tunisiens (Uget) et l'Union des diplômés chômeurs (UDC), dans lequel ils exhortent toutes les forces démocratiques et de développement à adhérer massivement aux efforts déployés par les organisations et les parlementaires européens et tunisiens pour faire barrage à l’octroi d’un nouveau crédit à la Tunisie, qualifié d'«empoisonné».

Le programme du FMI comprend, d'après les partisans de cet appel, des conditions visant à recapitaliser et restructurer les banques tunisiennes en perspective de leur privatisation, à réviser le code du travail pour minimiser les droits des travailleurs et réduire les salaires et mettre fin, progressivement, à la subvention des produits alimentaires de base et des sources d'énergie destinées à la consommation populaire.

I. B. (avec Tap).

Illustration : Fathi Chamki.