La Tunisie ne dispose pas d'une stratégie agricole claire et sa politique en la matière est basée sur des stratégies sectorielles limitées et non cohérentes.
Ce diagnostic n’a pas été fait par un expert universitaire mais par Lassaad Lachaal, ministre de l'Agriculture, dans une interview accordée à l'agence Tap. Le ministère de l'Agriculture a déjà lancé une consultation nationale, qui aidera à actualiser les stratégies sectorielles, servira de base à la mise en place d’une stratégie de développement de l'agriculture tunisienne à l'horizon 2025, a souligné M. Lachaal, ajoutant que cette consultation s'étalera sur 6 mois et sera présentée avant la fin d'octobre 2014. Au cours du meeting des agriculteurs tunisiens tenu, le lundi 12 mai 2014 à Tunis, à l’occasion de la célébration de la journée nationale de l'agriculture et le 50e anniversaire de la nationalisation des terres agricoles, des agriculteurs ont appelé à la mise en place d’une stratégie agricole garantissant le développement du secteur. Le ministre a précisé que l'éparpillement des terres agricoles constitue l'un des principaux problèmes qui freinent le développement du secteur, estimant que la résolution de ses problèmes (hausse des coûts de production, difficulté d'écoulement des produits…), nécessite le regroupement des agriculteurs au sein de sociétés coopératives. M. Lachaal a passé en revue les problèmes qui entravent le développement du secteur, tel que le système d'irrigation qui fait face à plusieurs difficultés : vétusté des réseaux d'irrigation, multiplication des canaux de raccordement et des puits anarchiques (environ 80.000 canaux et 10.000 puits creusés au cours des 3 dernières années), causant notamment une surexploitation de la nappe phréatique. Evoquant le problème du sur-pompage, notamment, des puits anarchiques, le ministre a indiqué que ce fléau a causé la salinité des eaux notamment dans les régions du centre et du sud. Il a, dans ce cadre, annoncé que son département est en train d'actualiser le code des eaux en augmentant le montant de la contravention. «Une amende variant entre 20 dinars et 1000 dinars contre chaque personne qui creuse un puits sans autorisation est symbolique», a estimé le ministre, soulignant que cette mesure entrera en vigueur en mai 2015. Lassaad Lachaal. M. Lachaal a fait savoir qu'une stratégie à court et moyen termes relative aux associations d'intérêt commun a porté sur le l'examen de leurs dettes auprès de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et des délégations régionales de développement agricole. Il a cité également la mise en place d'un calendrier de recouvrement des dettes qui tient compte des capacités de ces associations tout en garantissant les dépenses de maintenance et le payement des employés. Les mesures à moyen terme concernent la possibilité de recourir aux services de sociétés d'exploitation qui se chargeront d'utiliser les systèmes hydrauliques conformément à un cahier des charges, a aussi indiqué le ministre, en précisant que les réserves nationales actuelles en eau peuvent couvrir les besoins des prochaines saisons et années. Les réserves actuelles des barrages sont, en effet, estimées à 1,7 milliards de mètres cubes dont 80% utilisés dans l'irrigation, 14% pour l'eau potable, 5% pour l'industrie et 1% pour le tourisme. I. B. (avec Tap). |
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