La Tunisie a perdu 5 milliards de dollars de son Pib à cause de la révolution, affirme Elyes Jouini, vice-président de l’université Paris-Dauphine.


Cet économiste franco-tunisien de 45 ans, ministre éphémère du premier gouvernement Mohamed Ghannouchi, a été la cheville ouvrière de la participation tunisienne au sommet du G8 à Deauville en France.
Cette perte de 5 milliards de dollars, M. Jouini la ventile ainsi: «un milliard à cause du blocage de l’activité économique, deux à cause de la baisse du tourisme et deux autres à cause de la guerre en Libye, le premier partenaire commercial», explique-t-il dans une dans une interview à ‘‘Libération’’.  
Que peut attendre la Tunisie du plan d’aide aux pays arabes annoncé par les 8 pays les plus industrialisés, à Deauville, le 27 mai? Réponse de M. Jouini: «On parle de 40 milliards de dollars. Ce n’est pas rien, mais le cadre qui permettra de débloquer cet argent n’est pas arrêté. Il va encore falloir se mettre d’accord sur les mécanismes de l’aide. Qui va décaisser l’argent? Pour quels projets? Certes, il est clair que l’Egypte et la Tunisie ont noué à Deauville le début d’un partenariat avec le G8. Mais il reste encore beaucoup à faire. Le chiffre avancé représente un tout. C’est une enveloppe globale. Mais il faut le ventiler entre pays, tout en étant capable de hiérarchiser les priorités sur lesquelles nous voulons mettre l’accent en terme financier.»

Où investir l’aide internationale?
Par ailleurs, explique M. Jouini, il va falloir que les pays concernés, y compris la Tunisie, montrent qu’ils sont en mesure réellement d’absorber l’aide qui leur sera proposée. «Chaque pays a ses spécificités. Par exemple, il est assez évident que la Tunisie devra faire le maximum pour investir l’aide internationale, mais aussi ses propres ressources financières, vers les secteurs à forte valeur ajoutée (électronique, informatique…) pour créer des technopoles. Elle doit le faire car elle possède déjà de nombreuses filières qui opèrent dans ces secteurs, ce qui lui permettrait de jouer sur un effet de levier et de trouver des débouchés pour ses ‘‘stocks’’ de jeunes diplômés scientifiques», explique l’économiste. Qui ajoute une précision de taille, une manière de tirer la couverture vers son pays natal: «On sait aussi qu’il faudra investir dix fois plus en Egypte pour obtenir le même résultat qu’en Tunisie.»

I. B.