M. Nabli a évoqué l’impact significatif des événements politiques de ces derniers mois en Tunisie, précisant que la reprise sera lente et inégale en raison de la situation économique et sociale assez fragile. Notre pays a enregistré de fortes pertes en termes d’exportation et d’investissement. En conséquence, le Pib a reculé de 7,8% au premier trimestre 2011 par rapport à 2010, selon l’Institut national de la statistique (Ins). Tous les secteurs d’activité sont en baisse, sauf l’agriculture.
Une stabilisation attendue de la situation politique
Par ailleurs, et en raison des délais de la mise à disposition des aides financières annoncées par les pays développés, le gouverneur prévoit une croissance économique de 1% cette année, contre 3,7% en 2010. Il précise cependant que les objectifs devraient être revus à la hausse le mois prochain, compte-tenu de la stabilisation attendue de la situation politique, de la reprise des exportations manufacturières et, surtout, d’une saison agricole prometteuse.
L’afflux de 80.000 réfugiés en provenance de Libye a aggravé la pression sur les ressources du pays, puisqu’une bonne partie de ces réfugiés «ne sont pas dans des camps, [mais] vivent avec le peuple tunisien, sont logés et nourris, scolarisés, et soignés dans les hôpitaux et cela représente un coût énorme», a expliqué M. Nabli. Qui a qualifié l’impact de la situation en Libye sur les équilibres tunisiens d’«énorme».
Il est urgent d’attendre
Pour le gouverneur de la Bct, la Tunisie aura besoin de 3 à 4 milliards de dollars de financement externe cette année. Pour faire face à ses échéances et couvrir le déficit du compte courant, notre pays aura besoin de montants de même importance pour les années suivantes. Et il n’a d’autres choix que de revenir au marché obligataire international, alors que sa notation souveraine a été rétrogradée récemment par les agences Moody's Investors Service (Baa3, le grade le plus bas d’investissement), Standard & Poor’s et Fitch. «Ces notations n’incitent pas à aller sur le marché, même si nos marges ont baissé au cours des dernières semaines», a encore déclaré M. Nabli au ‘‘New York Times’'. Traduire: il est urgent d’attendre une amélioration de la perception du risque tunisien avant d’envisager une sortie sur le marché international des capitaux, surtout que la poursuite des troubles continue d’assombrir les perspectives de l’économie et le climat d’investissement.
Pour le gouverneur de la Bct l’une des priorités est de renforcer le secteur bancaire. Ce secteur très éclaté, qui compte plus de 20 banques, a besoin d’être profondément restructuré. Mais la marge de manœuvre, dans la situation de ralentissement économique actuel, reste très faible. «Il y a un consensus selon lequel il doit y avoir une restructuration, mais je ne pense pas que nous soyons en mesure de le faire pour le moment», explique M. Nabli. Qui garde cependant confiance. Selon lui, «la transition se passe relativement bien». «Nous aimerions que les gens aient confiance, les choses vont dans la bonne direction. La démocratie est un bon investissement».
Imed Bahri