La compagnie contrôlée par l’Etat italien, qui s’est empressée de demander des éclaircissements de l’Etat tunisien, s’est vue répondre qu’il s’agirait d’une tentative de sabotage, qui n’a fait aucun dégât humain ou matériel. Le gazoduc a d’ailleurs continué de fonctionner normalement et le ministère tunisien de l’Intérieur a ouvert une enquête sur cet attentat raté. Reste que l’alerte a été chaude. Et d’abord pour le Pdg d’Eni, Paolo Scaroni, qui a tenu à se rendre à Tunis, où il s’est entretenu avec Abdelaziz Rassaa, le ministre de l’Industrie et de la Technologie. Le patron d’Eni voulait s’assurer des mesures sécuritaires prises par les autorités tunisiennes pour protéger les infrastructures du gazoduc.
Transmed fournit du gaz naturel algérien à l’Italie depuis 1983 à raison de 30 milliards de m3 par an. Et il est devenu d’autant plus important pour la fourniture en gaz à l’Italie que la plupart des centrales électriques de ce pays fonctionnent au gaz et que les sites de production de gaz d’Eni en Libye et le pipeline GreenStream acheminant le gaz libyen vers la Botte ont été fermés, ce qui va coûter à la compagnie la perte de 9 milliards de m3 de gaz qu’elle achemine annuellement vers le marché européen.
Selon nos confrères de ‘‘La Tribune’’, la visite de Paolo Scaroni à Tunis a porté aussi sur le développement des activités de la compagnie en Tunisie. De nouvelles activités de production de gaz en Tunisie seraient même envisagées. «Eni prévoit notamment la construction d’un gazoduc pour acheminer [vers l’Italie, Ndlr] l’énergie extraite des puits de la région de Gabès, dans le sud du pays», note ‘‘La Tribune’’. Ce qui constitue une marque de confiance de l’entreprise et du gouvernement italien dans les capacités des Tunisiens à stabiliser la situation politique dans le pays et à relancer sa machine économique. On comprend que la partie tunisienne, fidèle à ses habitudes (chassez le naturel, il revient au galop!), n'a communiqué que sur cet aspect positif de la visite de M. Scaroni.
Imed Bahri