«Il faut dire la vérité aux gens: 2012 sera encore une année difficile, ce sera même encore plus dur», a déclaré Ouided Bouchamaoui, président de l’Utica.


La présidente de l’Union tunisienne de l’Industrie, le commerce et l’artisanat (Utica), qui parlait mardi dans un entretien à l’agence Afp, a ajouté: «Si on arrive à avoir 2 ou 3% de croissance ce sera déjà extraordinaire», alors que Tunisie, habituée ces dernières années à des taux de croissance de 4 à 5%, a enregistré un recul de -3% au premier semestre 2011.

Impossible de trouver du travail à 700.000 chômeurs en 5 ans
Mme Bouchamaoui, élue en mai présidente par intérim de l’organisation patronale tunisienne a estimé qu’il faudrait «plusieurs années» pour redresser la situation économique et sociale dans ce pays. «Il sera impossible de trouver du travail en 5 ans à 700.000 chômeurs. Les projets d’infrastructure ne se réaliseront pas du jour au lendemain, et les déséquilibres régionaux ne seront pas redressés en quelques semaines», a-t-elle poursuivi, comme pour rappeler aux manifestants et si-inneurs, qui empêchent la poursuite du travail dans plusieurs sites industriels, que les solutions miracles n’existent pas et que tout le monde doit faire des sacrifices.  
«Il faut que les gens aient confiance en nous, que la paix sociale et la sécurité soient rétablies», a-t-elle lancé dans le même entretien, en souhaitant «une pause dans les revendications sociales».

L’explosion du commerce informel
«Je comprends les frustrations des jeunes chômeurs, mais tout ne peut pas se faire tout de suite, il faut laisser les entreprises travailler et préserver l’emploi», a encore dit Mme Bouchamaoui. Elle a ajouté que l’Etat se devait d’être plus rassurant vis-à-vis des investisseurs étrangers qui ont adopté une position de ‘‘wait and see’’ par rapport à la Tunisie, et plus ferme vis-à-vis de l’explosion du commerce informel.»
«L’Etat doit être présent et la police doit faire son travail. Où sont les contrôles sanitaires, les contrôles douaniers? Le commerce informel est en train de tuer toute une économie légale», a averti la patronne des patrons, tout en reconnaissant la dimension sociale de cette activité, qui fait vivre quelque 50.000 personnes.
Interrogée sur les accusations de corruption et de proximité de l’Utica avec l’ex-régime de Ben Ali, Mme Bouchamaoui a affirmé qu’il n’y avait eu «aucun abus au sein du patronat tunisien».
Traduire: la gestion de l’ex-président de l’Utica, Hedi Djilani, dont l’ombre règne encore dans les rouages de la centrale patronale, est irréprochable.