Neuf mois après la chute de l’ancien régime, le taux de chômage s’est aggravé, atteignant 19% de la population active, contre 14% à la fin de 2010.


On estime aujourd’hui à plus de 700.000 le nombre de chômeurs, dont près de 200.000 diplômés de l’enseignement supérieur. Cette aggravation du chômage, en cette conjoncture difficile, est due, selon une source du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, citée par l’agence Tap, à l’arrivée sur le marché de l’emploi de nouveaux diplômés de l’enseignement supérieur en juillet 2011 (80.000), au retour des travailleurs tunisiens de Libye (30 à 35.000) et à la perte de 10.000 emplois depuis janvier 2011. Par ailleurs, quelque 80.000 emplois sont menacés, d’autant que le taux de croissance pour cette année ne devrait pas dépasser 1%, contre une moyenne de 5% au cours des dix dernières années.

 

Le secteur public fait ce qu’il peut
C’est pour parer à cette situation qui risque d’aggraver l’instabilité dans le pays, avec la multiplication des mouvements sociaux, et même des violences, que le ministère a mis en place un plan d’urgence pour l’emploi. Ce plan s’articule autour de quatre axes : la création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs, le développement de l’entreprenariat et de la création de micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs pour assurer la pérennité des emplois créés, le soutien des entreprises en difficulté et la préservation des emplois existants, ainsi que l’accompagnement actif des demandeurs d’emploi et le développement de leur employabilité.
Dans le court terme, le ministère œuvre pour la création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs. Il a ainsi été décidé de créer 20.000 emplois salariés dans le secteur public et 20.000 autres dans le privé. Un programme de recrutement exceptionnel dans la fonction publique a été réalisé dans ce sens. Ce n’est certes pas, en soi, une grande idée, sachant que le secteur public souffre d’un sureffectif chronique dans certains secteurs, mais le gouvernement fait ce qu’il peut dans l’urgence, en attendant des jours meilleurs qui tardent à venir.   
Autre axe d’action : le développement de l’entreprenariat et de la création de micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs pour assurer la pérennité des emplois créés (formation, initiation à la création d’entreprises, accompagnement et suivi dans toutes les étapes du projet).
Dans ce cadre, le ministère de l’Emploi œuvre, actuellement, à trouver des solutions urgentes d’appui aux jeunes diplômés du supérieur n’ayant pas d’autofinancement pour l’implantation de leur projet dans certaines régions. Il œuvre, aussi, à fournir aux jeunes diplômés une mise à niveau dans de nouveaux domaines, à renforcer l’accompagnement des promoteurs dès l’obtention de l’accord de financement de leur projet et à coordonner l’activité des différents intervenants en matière de promotion d’entreprises pour accélérer le taux de création d’entreprises dans les régions.
Des mesures ont également été prises pour soutenir les entreprises en difficulté et préserver les emplois existants, dont une action pilote pour le compte des salariés du secteur de la grande distribution, en exploitant leur période de chômage technique pour organiser des formations continues visant à préserver leurs compétences professionnelles et accélérer le retour de l’activité de leurs entreprises. Cette action pilote concerne plus de 2.000 salariés dont la période de chômage technique dépasse six mois. Dans une première phase, 15.000 personnes en chômage technique appartenant à 300 entreprises bénéficieront des mesures de soutien aux entreprises en difficulté. Une deuxième phase concernera l’évaluation des pertes subies dans le domaine du tourisme et autres.
Par ailleurs, un accompagnement actif des demandeurs d’emploi est assuré sur la base de la formation, de la reconversion pour les spécialités difficiles et de l’insertion sur le marché du travail et les stages pratiques.

Amal pour ne pas désespérer
Le projet Amal (Espoir) constitue l’un des principaux axes de ce programme d’accompagnement actif. Chaque demandeur d’emploi a la possibilité de définir un parcours professionnel personnalisé qui augmente ses chances d’employabilité et d’insertion sur le marché du travail. Le candidat bénéficie d’une allocation de recherche active d’emploi d’un montant de 200 dinars et d’une couverture sociale pour une période d’une année.
Pour assurer l’optimisation de la gestion des programmes d’emploi et l’application des principes de bonne gouvernance, de la transparence et de l’égalité des chances sur tous les niveaux et à toutes les étapes, le ministère a mis en place un comité ministériel, un comité de pilotage et des comités régionaux d’emploi. Le suivi des projets est conduit en partenariat avec les composantes de la société civile y compris les associations de chômeurs.
Selon les dernières données fournies par le ministère (septembre 2011), le nombre total des stagiaires insérés s’élève à 13.189, dont 4.063 dans le cadre de stages d’initiation à la vie professionnelle (Sivp), 599 par le biais de contrats d’insertion des diplômés (Cides), 7.914 contrats d’adaptation et d’insertion professionnelle (Caip) et 294 contrats de réinsertion dans la vie active (Crva), ainsi que 80 stagiaires insérés dans des Programmes du service civil volontaire (Scv) et 223 dans des programmes de recherche active d’emploi.
Quant au nombre des contrats en cours, il est estimé à 206.514, dont 146.334 dans le cadre du programme Amal, 26.371 contrats Sivp et 26.348 contrats Caip.

I. B. (avec Tap).