Le Pôle démocratique moderniste (Pdm) ambitionne, au cours des 100 jours qui suivront les élections du 23 octobre, de jeter les bases d’une réconciliation nationale sur les politiques économique et sociale du pays.
C’est ce qu’a annoncé l’économiste Mahmoud Ben Romdhane, en présentant, jeudi, à Tunis, les grandes lignes du programme du Pôle, qui a souligné la nécessité «de concrétiser cet objectif dans le cadre d’un pacte national sur l’emploi, l’éducation l’enseignement, la formation, l’aménagement du territoire, le développement régional et la décentralisation».
Des opportunités pour impulser la croissance
Ce programme vise à répondre aux besoins économiques et sociaux les plus urgents, édifier une économie «solide» et engager les réformes nécessaires au modèle social, a expliqué M. Ben Romdhane, soulignant, au passage, l’importance de mettre en place une politique économique à même de réaliser une croissance durable, stimuler le rythme de création d’emplois et garantir un développement régional équilibré.
Evoquant la situation économique actuelle de la Tunisie, l’économiste l’a qualifiée d’«acceptable», en dépit du recul du taux de croissance enregistré au cours du premier semestre, et qui varie entre 0 et -2%.
La Tunisie est capable de réaliser un taux de croissance variant entre 4 et 5% en 2012, à condition que la sécurité soit rétablie et que la stabilité politique revienne, de manière à regagner la confiance des investisseurs, tunisiens et étrangers.
M. Ben Romdhane a mis l’accent, par ailleurs, sur la nécessité d’une reprise économique dans un délai ne dépassant pas 6 mois, afin de permettre au pays de satisfaire les commandes de ses clients internationaux au cours de l’année 2012, et de garantir une forte reprise des réservations touristiques.
Le Pdm va s’atteler, sur le plan économique, à valoriser les opportunités offertes en vue d’impulser le taux de croissance et le porter à 5 et 6% au cours de la période 2013-2014 et à 7-8% à partir de 2015. Ces résultats ne manqueront pas de réduire le nombre des chômeurs, grâce à la réinsertion de 100.000 employés dans le tourisme et la réintégration de 60.000 Tunisiens rentrés de Libye en raison de la situation dans ce pays.
Une économie solidaire portée par les régions
Au volet social, M. Ben Romdhane a mis l’accent sur la nécessité de redonner confiance aux Tunisiens, grâce à des mesures urgentes, comme la prise en charge des diplômés du supérieur, la création d’un fonds d’assurance-chômage au profit des licenciés et l’amélioration des services de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam). Mais aussi le doublement de la prime aux familles nécessiteuses et la mise au point d’une stratégie visant à protéger les enfants et les mineurs.
Le Pôle recommande, dans ce cadre, l’organisation d’une consultation nationale sur le financement de l’assurance-chômage et maladie, et de la retraite, en tenant compte des prévisions économiques pour 2012 et des sources de financement additionnelles.
Le Pôle préconise également un modèle social basé sur la solidarité et l’égalité dans tous les domaines, de manière à garantir le droit de tous à l’enseignement, à la santé et au logement, et de lutter contre toute forme de ségrégation et de racisme.
M. Ben Romdhane a mis l’accent, par ailleurs, sur la nécessité de mettre en place une «vraie» politique de développement régional, à travers la création d’un nombre limité de districts complémentaires et l’élaboration d’un programme d’urgence visant le réaménagement des villes de l’intérieur et leur dotation en infrastructures de base.
Assainissement du système financier et bancaire
Dans le domaine financier, M. Ben Romdhane a souligné la nécessité de réformer le système fiscal actuel, afin de garantir une répartition équitable des richesses et d’instaurer une justice sociale réelle permettant de financer les réformes urgentes au profit des personnes les plus vulnérables.
L’expert a passé en revue ensuite les propositions du Pôle en vue de consolider le financement et l’investissement à travers l’assainissement et la réforme du secteur bancaire, la dynamisation du marché financier et la création d’un pôle bancaire et financier au profit des Tunisiens à l’étranger.
Le Pdm regroupe le mouvement Ettajdid (ex-Parti communiste tunisien), le Parti socialiste de gauche, le Parti de l’alliance républicaine, cinq initiatives civiles et plusieurs personnalités indépendantes.