Le projet de budget économique pour 2012 prévoit une croissance de 4,5%, alors que les dernières prévisions de la Banque centrale de Tunisie (Bct) tablent sur 1% pour 2011.


Le projet de budget avait été présenté au conseil des ministres, le 20 octobre, trois jours avant les élections de la Constituante. Ces élections, on le sait, ont débouché sur la victoire du parti islamiste Ennahdha (90 sur 217 sièges, 41,47%), dont le secrétaire général, Hamadi Jebali, est candidat au poste de Premier ministre.

Selon la synthèse qu’en a réalisée le ministère de la Planification et de la Coopération internationale, le budget économique pour l’exercice 2012 diffère de ceux élaborés sous l’ancien régime, estiment ses auteurs. Car il pointe du doigt les défaillances en toute transparence, notamment aux niveaux régional et social. Il intègre également divers thèmes, considérés, auparavant, comme tabous, comme la bonne gouvernance, la corruption, la lutte contre le chômage, les disparités régionales et les conditions sociales.

Le budget économique a été inclus dans le programme proposé par le gouvernement actuel pour la période 2012-2016, sans se référer entièrement, comme par le passé, au 12e Plan quinquennal de développement. L’accent y a été mis sur la période 2012-2013, qui coïncide avec le parachèvement du processus de transition politique.

Le gouvernement provisoire considère ce document comme «une tentative de diagnostiquer les problèmes qui ont mené à la révolution du 14 janvier et de les solutionner dans un contexte mondial en mutation». Et il la met à la disposition du prochain gouvernement, qui sera nommé dans la Constituante.

75.000 emplois en Tunisie et 200.000 en Libye

Le principal objectif du schéma de développement pour 2012, est la réalisation d’un taux de croissance du Pib de 4,5%, aux prix constants et l’augmentation des exportations de biens et services de 7% contre une baisse de 2,4% en 2011.

Le rapport prévoit, aussi, l’accroissement des investissements de 18,4% et la création d’au moins 75.000 emplois. Et il table sur des offres d’emploi sur le marché libyen, estimées à plus de 200.000.

Avec un déficit courant prévu de 5,4% et un déficit budgétaire de moins de 6%, les besoins en matière de financement, notamment extérieur, augmenteront en conséquence. La Tunisie devra donc compter sur ses principaux partenaires étrangers pour mobiliser les financements requis, notamment, ceux promis dans le cadre du processus de Deauville. Il s’agit, toutefois, de veiller à maintenir le taux d’endettement dans les limites de 38,8% (contre 38,2% en 2011).

La réalisation de ces objectifs est tributaire de l’approfondissement des réformes structurelles, l’amélioration du climat d’affaires, la révision du système d’incitation à l’investissement et à l’initiative, la structuration du tissu économique et l’assainissement du secteur bancaire.

Le projet de budget prévoit, également, de développer le système de financement (Caisse des dépôts et des consignations, Fonds des générations) et de promouvoir l’investissement à capital risque.

Sur un autre plan, le rapport recommande le renforcement de l’activité d’exportation et l’encouragement d’une plus grande intégration de l’économie mondiale.

Relance des secteurs productifs

En ce qui concerne les secteurs productifs, le budget 2012 prévoit un retour progressif à l’activité dans les secteurs affectés par les derniers évènements (tourisme, transport, phosphates…) et le développement de ceux à contenu technologique.

Le document prévoit l’impulsion du développement régional par la consolidation du réseau autoroutier, le renforcement de 200 km de routes régionales classées et l’aménagement de 1.000 Km de pistes rurales, ainsi que le bitumage de 760 km de routes et le développement du réseau ferroviaire.

Ce développement sera aussi impulsé par la création de 24 zones industrielles dont 17 dans les régions de développement régional, le réaménagement de 9 autres zones industrielles et la constitution d’une réserve foncière d’environ 150 hectares.
Le document insiste sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie des citoyens, de garantir une équité sociale, d’approvisionner les milieux ruraux en eau potable et de renforcer le contrôle de l’environnement ainsi que l’amélioration des services d’assainissement, notamment dans les zones rurales.

Autres orientations retenues : la lutte contre la pollution industrielle et le développement des actions de maîtrise de l’énergie.

Axer sur le développement humain

Le budget économique 2012 évoque une nouvelle perception des volets sociaux, l’objectif étant de garantir l’amélioration des services, mieux cibler les catégories concernées par les interventions sociales (les plus démunies) et aider ces catégories à passer du statut de bénéficiaires à celui de forces productrices.

Pour ce qui est de l’enseignement, le rapport préconise d’améliorer le rendement du système d’éducation, de formation et d’enseignement supérieur. Il suggère, aussi, l’orientation des créations d’emplois, des extensions et des projets de modernisation vers les secteurs les plus prometteurs sur le marché de l’emploi, notamment, dans les régions de l’intérieur.

Pour lutter contre la pauvreté et la marginalisation, le budget 2012 prévoit de porter à 185.000 le nombre des bénéficiaires des programmes des familles nécessiteuses et de relever le montant de la prime qui leur est accordée. Cette catégorie de la population devrait aussi bénéficier de facilités d’accès aux prestations de santé, aides directes et crédits préférentiels.

I. B. (avec Tap).