La Banque centrale de Tunisie (Bct) sonne l’alarme : la situation économique est très difficile, les comptes sont au rouge et la marge de manœuvre financière est très réduite.
A l’issue d’une réunion extraordinaire consacrée à l’examen de la situation économique dans le pays, le conseil d’administration de la Bct n’a pas pris de gants pour annoncer une très mauvaise nouvelle : les difficultés économiques risquent de s’aggraver et de déboucher sur «une situation de crise d’autant plus que la marge de manœuvre au niveau de la politique monétaire est devenue très limitée et ce, dans un contexte de conjoncture économique mondiale difficile, surtout dans les principaux pays européens partenaires, ayant engendré des retombées négatives sur le rythme de la production et des exportations des principaux secteurs de l’économie nationale», note la banque dans un communiqué publié jeudi.
Rassurer les investisseurs
«En attendant une meilleure visibilité sur le plan des politiques économiques, l’incertitude et l’hésitation se poursuivent chez les investisseurs locaux et étrangers, parallèlement à la détérioration de plusieurs indicateurs économiques et financiers», lit-on aussi dans le même communiqué.
Face à cette situation pour le moins inquiétante, et eu égard aussi à la confusion qui règne sur les plans politique et social et les bisbilles au sein de l’Assemblée constituante, le Conseil d’administration de la Bct a cru devoir appeler «tous les intervenants à faire preuve de sagesse et de diligence pour assurer le démarrage de l’action du gouvernement et le retour du fonctionnement normal des rouages de l’Etat et des services publics dans les plus brefs délais».
Ce n’est qu’à ce prix que la confiance sera rétablie et que l’activité économique et l’emploi seront redynamisés. «L’accélération de l’adoption du budget de l’Etat et de la loi des finances pour l’année 2012 constitue l’un des principaux facteurs à même de donner un signal clair à cet effet», ajoute le communiqué.
Consacrer l’autonomie de l’institution d’émission
Le Conseil, qui a examiné également le statut institutionnel proposé pour la Bct, dans le cadre du projet de loi portant sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics, a estimé que «ce projet tend à soumettre la Bct à l’autorité du gouvernement et ce, contrairement aux attentes aspirant à une consolidation de l’indépendance de l’Institut d’Emission pour assurer les missions qui lui sont dévolues dans le domaine monétaire et bancaire avec l’efficacité requise».
Le Conseil a rappelé, à cet effet, que l’indépendance des banques centrales et des autorités de contrôle et de régulation est l’une des orientations et évolutions requises pour assurer la stabilité financière et la bonne gouvernance. C’est le cas, en tout cas, «dans les systèmes démocratiques développés et dans plusieurs pays en développement qui ont connu une nette avancée dans ce domaine», précise la Bct. Qui «appelle non seulement à la préservation de la situation, prévalant notamment depuis le 14 janvier, marquée par une marge importante d’indépendance de la Banque centrale mais surtout à la consolidation de son indépendance en l’inscrivant dans la loi organisant les pouvoirs publics et en la consacrant dans la constitution.»
Les conditions garantissant l’indépendance de la Bct concernent les critères de «nomination et de révocation du Gouverneur, de désignation des membres du Conseil d’administration ainsi que les modalités d’intervention et de contrôle et les mécanismes de responsabilisation et d’évaluation de l’efficience de la banque.»