La présidente de la centrale patronale tire la sonnette d’alarme : entre les grèves des employés et les sit-in des chômeurs, les entreprises tunisiennes risquent l’asphyxie.


L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) a lancé, vendredi, un avertissement concernant la «paralysie» qui menace de nombreuses entreprises tunisiennes, en raison de la poursuite des mouvements de protestations et de revendications sociales dans les différentes régions du pays.

Le patronat a, par ailleurs, appelé les syndicats, les acteurs politiques et les composantes de la société civile en Tunisie à mener des campagnes de sensibilisation pour convaincre les citoyens, dans toutes les régions du pays, d’arrêter les sit-in autour des entreprises économiques et de mettre fin aux grèves.

Les entreprises au bord de l’asphyxie

Wided Bouchamaoui, présidente de la centrale patronale a indiqué, dans une déclaration à la Tap, que les entreprises attaquées opèrent dans des activités «sensibles», comme l’énergie, les mines, le textile-habillement, les industries pharmaceutiques et alimentaires.

Mme Bouchamaoui a ajouté, à ce sujet, que ces entreprises se trouvent, aujourd’hui, «tiraillées» entre les grèves de leurs employés, qui revendiquent l’augmentation des salaires, et les sit-in des chômeurs, attachés à leurs droits d’y être recrutés.

«Les protestataires ont procédé, durant la dernière période, à la coupure des routes qui mènent aux entreprises économiques», a-t-elle dit, ajoutant que ceux-ci interdisent l’accès des employés à leurs sociétés et menacent ceux qui expriment leurs mécontentements, ce qui a mené, d’après elle, à «l’asphyxie de ces entreprises».

«La situation d’instabilité sociale et sécuritaire dans le pays a été à l’origine de la réticence d’un nombre d’investisseurs à investir en Tunisie et leur orientation vers d’autres pays tels que le Maroc», a-t-elle encore signalé. La responsable a souligné, aussi, que l’invisibilité concernant la situation politique en Tunisie inquiète les investisseurs nationaux et étrangers, qui appréhendent l’évolution de la situation dans le pays, ce qui les amène à retarder ou à revenir sur leur projet d’y investir.

Rassurer les opérateurs économiques

Pour éviter de faire durer l’atmosphère d’indécision politique qui règne actuellement dans le pays, Mme Bouchamaoui a appelé l’Assemblée nationale constituante à accélérer le processus de formation du nouveau gouvernement et l’adoption du budget de l’Etat et la loi des finances pour l’année 2012, afin «de rétablir la confiance et de rassurer les opérateurs économiques, tunisiens et étrangers».

«L’économie tunisienne a besoin d’une trêve sociale d’au moins une année pour surmonter les séquelles et réparer les dégâts de l’après révolution», a préconisé la responsable de la centrale patronale.

I. B. (avec Tap)