Paradoxe de la liberté retrouvée en Tunisie : les entreprises nationales sont contraintes d’importer ce que leurs unités, paralysées par les grèves et sit-ins, sont dans l’incapacité de produire pour satisfaire la demande locale.
Belle illustration du paradoxe d’une Tunisie qui ne parvient pas transformer sa révolution en une promesse de renouveau : le Groupe chimique tunisien (Gct), fleuron de l’industrie nationale, dont les différentes usines à Gabès (littoral sud-est) sont paralysées par des jeunes sans emploi bloquant l’accès des employés, a été obligé, le week-end dernier, d’importer 30.000 tonnes d’engrais azotés (ammonitrate), quantités que ses usines auraient bien pu produire en temps normal.
Le Cgt, qui assure un service public, a été contraint de passer commande à l’étranger pour pouvoir répondre aux besoins urgents des agriculteurs qui se plaignent, depuis des semaines, de la pénurie d’engrais chimiques nécessaires à leurs cultures, en raison de la suspension de la production dans les usines du Gct.
Dans les 20 prochains jours, 20.000 tonnes additionnelles d’ammonitrate seront importées pour une enveloppe de 8 millions de dinars. Un montant qui vient s’ajouter aux grandes pertes subies ces derniers mois par le groupe à cause de la multiplication des mouvements de protestation, explique une source à la direction du Gct citée par l’agence Tap.
Le gouvernement Hammadi Jebali a du pain sur la planche. Sa première tâche : mettre fin à ces mouvements sociaux sauvages qui paralysent des pans entiers de l’économie du pays. Il aura besoin pour cela de beaucoup de pédagogie et d’un peu plus de fermeté face aux fauteurs de troubles. N’est-ce pas désormais une affaire de survie pour 10,5 millions de Tunisiens ?
Imed Bahri