La marge de manœuvre financière du pays est très étriquée : renforcer les dépenses sociales, relancer la machine économique, préserver les équilibres macro-économiques, sans recourir aux emprunts extérieurs !
Dans la situation de crise actuelle, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, le gouvernement a besoin d’une ingénierie financière de grande ingéniosité pour réaliser ce qui s’apparente à une mission impossible.
Cela ne semble pas, pourtant, décourager le nouveau ministre des Finances, l’économiste indépendant Houcine Dimassi.
Tenir compte de la conjoncture difficile
Répondant, vendredi, aux interventions des constituants concernant le projet de loi de finances pour l’année 2012, soumis, jeudi, pour examen, à l’Assemblée nationale constituante (Anc), M. Dimassi a insisté pour que l’élaboration de ce projet tienne compte de la conjoncture économique nationale et internationale, particulièrement difficile. Il a également souligné la nécessité de mobiliser des ressources propres supplémentaires pour l’Etat afin de répondre au mieux aux aspirations du peuple, notamment dans les régions défavorisées, et d’éviter une situation de dépendance financière avec l’extérieur.
S’agissant des ressources de l’Etat, le ministre a expliqué à que les ressources fiscales dépendent en grande partie de la demande intérieure et extérieure, notamment, en Europe, principal partenaire économique de la Tunisie, «d’où l’enjeu, a-t-il dit, de suivre de près la situation économique de ces pays».
Pour ce qui est des ressources non fiscales, provenant essentiellement des bénéfices des grands établissements publics tels la Banque centrale de Tunisie (Bct) ou la Compagnie des phosphates de Gafsa (Cpg), M. Dimassi a fait savoir que leur montant ne peut pas être circonscrit de façon définitive en raison des sit-in et des grèves qui perturbent encore les unités de production et les circuits de transport.
Abordant le chapitre des dépenses, le ministre a rappelé que la Tunisie aura à rembourser, en 2012, environ 960 millions de dinars (MD) au titre de l’emprunt émis en 2002, sur le marché financier international (650 MD) ; ce qui engendrera un accroissement du service de la dette publique, a-t-il précisé.
Le coût du non-remboursement de la dette
L’un des constituants a contesté cette question, avançant que ce prêt a été octroyé à l’époque du président déchu et ne concerne pas la Tunisie post-révolution. Réponse de M. Dimassi, conforme à la doctrine de la Bct dans ce domaine : le non-remboursement de cette dette aura pour conséquence une baisse importante de la note souveraine de la Tunisie auprès des instances de notation internationale, ce qui rehausserait les coûts d’emprunts du pays et «aggraverait davantage la situation du pays».
M. Dimassi a appelé à rationaliser les dépenses de compensation, qui constituent un appui aux catégories défavorisées, afin de mettre fin à certaines pratiques de gaspillage des ressources de l’Etat.
En conclusion, le ministre a recommandé de rétablir la situation sécuritaire du pays, d’aboutir à un consensus social, appelant les différentes composantes de la société, chacun selon ses moyens, à accepter temporairement un seuil minimum de sacrifice.
Rappelons que M. Dimassi a annoncé, lors de sa prise de fonction en début de semaine, que les services compétents de son département vont s’atteler à l’élaboration d’un projet de loi de finances complémentaire pour l’exercice 2012, qui sera fin prêt à la fin mars prochain.
I. B. (avec Tap).