«La crise dont souffre le secteur touristique est structurelle. Elle date de plusieurs années. La révolution du 14 janvier n’a fait qu’attirer davantage l’attention sur les maux du secteur».
C’est ce qu’a expliqué Wahid Ibrahim, ancien directeur général à l’Office national du tourisme tunisien (Ontt), lors d'un symposium organisé, jeudi, à Tunis, par l’Institut des hautes études touristiques (Ihet) de Sidi Dhrif. Car, selon ce professionnel du tourisme, auteur d’un ouvrage intitulé ‘‘Le tourisme tunisien : jeux de mots, jeux de maux’’ (Tunis, mai 2010), cette activité «est malade et il faut développer d’autres alternatives pour la pérenniser».
Rompre avec la monoculture hôtelière et balnéaire
«L’activité touristique en Tunisie, dont l’histoire remonte à 50 ans, s’est contentée, jusque-là, de la «monoculture» (hôtelière, balnéaire). Ceci n’a fait que générer un cortège d’effets pervers, notamment, des emplois saisonniers, précaires et démotivés», a fait remarquer M. Brahem. Pour sauver la destination Tunisie, ce dernier recommande aux jeunes promoteurs du secteur et aux étudiants de l’Institut de Sidi Dhrif d’aller à la découverte de la Tunisie profonde et de penser à des projets de tourisme alternatif. «Un tourisme qui préserve tous les éléments formant l’identité d’un pays (culture, histoire, environnement…)», a-t-il précisé. Il ne s’agit pas, toutefois, de tourner le dos à la mer et de remplacer le tourisme classique, mais de compléter, enrichir et valoriser les ressources naturelles, culturelles et archéologiques du pays, a-t-il ajouté.
La Tunisie compte près de 2.500 sites archéologiques et historiques non aménagés, donc difficiles d’accès. Ceux-ci devraient être transformés, par le biais de projets d’aménagement et en assurant leur sécurité, en produits touristiques accessibles, attractifs et créateurs d’emplois, a indiqué l’ancien directeur à l’Ontt.
Le développement de ce tourisme alternatif repose aussi, selon M. Brahem, sur l’adoption de la technique des trois «i», à savoir l’innovation, l’investissement et l’internationalisation.
Des initiatives d’exploration ont démontré que plusieurs régions de la Tunisie disposent d’un potentiel touristique énorme. Elles demeurent, néanmoins, peu connues et presque oubliées.
«Une escapade dans le nord-ouest»
A travers une exposition baptisée «Une escapade dans le nord-ouest», Sami Hariz, enseignant à l’Ihet, a fait découvrir au public de multiples sites de patrimoine antique qui peuvent attirer les touristes. Il s’agit, entre autres, de l’Arc de Triomphe d’Assuras-Zanfour, du site archéologique de Dougga et des vestiges arabo-musulmans à Testour (Béja).
«Or, a-t-il précisé, et en l’absence d’une stratégie claire de développement de ces régions, de logistique et d’une infrastructure adéquate, ces sites resteront marginalisés et leur découverte relèvera du hasard et de la passion.»
La Tunisie devra développer à cette fin d’autres plans de promotion pour faire reconnaître la richesse de son histoire et faire la lumière sur les beaux endroits dans ses régions intérieures, a-t-il conclu.
D’après Souheil Mouldi, président de l’Association de promotion du tourisme alternatif en Tunisie (Aptat), les professionnels du tourisme peuvent exploiter également la thématique de la «révolution» pour développer des circuits qui font découvrir aux touristes, à travers des visites guidées, les endroits emblèmatiques de la révolution tunisienne. Ce qui permettra, par exemple, d’intégrer aux circuits touristiques nationaux des régions qui n’en ont pas forcément la vocation, tels le bassin minier de Gafsa, Sidi Bouzid, etc.
I. B. (avec Tap).