«Le gouvernement est obligé de réviser, ne serait-ce que légèrement, les prix des hydrocarbures dans le cadre du projet de loi de finances complémentaire pour 2012».


C’est Houcine Dimassi, ministre des Finances, qui a fait cette annonce, mercredi, lors de la réunion périodique avec les médias, au Palais du Gouvernement de la Kasbah. Le ministre n’a, toutefois, pas précisé le montant de la hausse des prix, qui «n’a pas encore été fixée».

Le ministre a indiqué que cette décision a été dictée par les fluctuations que connaissent les cours du pétrole sur le marché mondial (le prix du baril tourne actuellement autour de 125 dollars). Il a souligné que l’Etat débourse actuellement près de 2 milliards de dinars (enveloppe à même de créer 100.000 emplois permanents), au titre des dépenses de subvention des hydrocarbures, relevant qu’une hausse de 1 dollar du prix du baril de pétrole (sur la base de 100 dollars) cause à l’Etat des dépenses supplémentaires d’une valeur de 28 millions de dinars.

Des pressions internes et externes

M. Dimassi, qui n’a pas écarté la possibilité de recourir à un prêt national, comme l’une des sources de financement intérieur, a passé en revue les grandes lignes du projet de loi de finances complémentaire pour 2012, soulignant que ce projet a été élaboré dans des conditions «difficiles» et «exceptionnelles», en raison des pressions aussi bien intérieures qu’extérieures.

Le ministre des Finances estime que les pressions externes concernent, essentiellement, le recul de la croissance en Europe, premier partenaire économique de la Tunisie, faisant remarquer que les prévisions tablent sur un taux de croissance négatif, d’environ 0,5% en 2012 dans la zone euro.

Il a également évoqué l’instabilité de la situation en Libye et dans les pays du Golfe, citant notamment la crise en Iran et ses répercussions sur la variation des cours du pétrole avec pour corollaire un accroissement des dépenses de subvention de l’Etat.

M. Dimassi a relevé que l’élaboration du projet de loi de finances complémentaire a tenu compte de la régression de la croissance économique en Tunisie, qui a eu un impact négatif sur les équilibres financiers du pays, l’évolution progressive du prix du pétrole et sur la capacité du pays à honorer ses engagements financiers pour 2012 (remboursement du capital de la dette évalué à 650 millions de dollars).

Le ministre a indiqué, toutefois, que des prémices de reprise économique ont été enregistrées début 2012, citant à cet égard, la hausse de 18% du nombre des intentions d’investissement au cours de janvier et février 2012, par rapport à la même période en 2011, l’accroissement des exportations du textile et des industries mécaniques et électriques, ainsi que l’augmentation du nombre des touristes en comparaison avec la même période de 2011.

Eviter de créer des tensions dans le pays

M. Dimassi a dit que le projet de la loi de finances complémentaire vise à réaliser une adéquation, entre les volets financiers, économiques, sociaux et politiques, sans créer de tensions dans le pays.

Le projet de la loi de finances vise à répondre aux besoins des catégories et des régions vulnérables, en prenant en considération les facteurs de relance de l’économie nationale sans le recours exagéré à l’endettement extérieur, ce qui impose une forte mobilisation des ressources propres intérieures.

Partant de ce constat, les dépenses publiques ont été fixées, dans la loi de finances complémentaire, à 25,4 milliards de dinars, soit une augmentation estimée à 2,5 milliards de dinars, en comparaison avec la loi de finances initiale de 2012, a précisé le ministre.

Les ressources additionnelles

M. Dimassi a fait remarquer que les ressources additionnelles proviendront essentiellement de la cession d’une partie des biens confisqués (terrains, constructions, sociétés et titres…) – encore faut-il accélérer le processus d’assainissement et de cession –, de l’utilisation d’une partie des réserves (900 millions de dinars) qui sont encore en possession de l’Etat et provenant de la privatisation d’une partie du capital de Tunisie Télécom en 2006, en plus de l’amélioration du rendement de la fiscalité.

Sur un autre plan, le ministre a évoqué la possibilité d’identifier d’autres ressources financières, provenant de la régularisation des situation litigieuses de quelques 460 hommes d’affaires, en réalisant une conciliation fiscale et en les intégrant dans le cycle économique.

Dépenses de gestion et de développement

M. Dimassi a précisé que les dépenses complémentaires du projet de la loi de finances complémentaire (2,5 milliards de dinars) seront réparties équitablement entre les dépenses de gestion et de développement.

Il a fait savoir que les dépenses de développement seront consacrées aux projets d’investissement, à l’emploi et aux logements sociaux qui seront réalisés par l’Etat. Il s’agit également d’augmenter les dépenses de subvention, d’accroître l’allocation accordée aux familles nécessiteuses (235.000 familles) de 70 dinars à 100 dinars et de présenter des aides aux municipalités qui affrontent des difficultés.

Le déficit sera aux alentours de 6,6% en 2012, en se basant sur le projet de la loi des finances complémentaire, et le taux d’endettement de l’ordre de 46%, ce qui est tolérable par rapport à la moyenne des niveaux internationaux qui s’élèvent à 60%, a-t-il précisé.

Le taux de croissance de la Tunisie atteindra 3,5%, au cours de 2012, espère le ministre des Finances, sachant que la réalisation de ce taux de croissance est tributaire du retour, le plus tôt possible, de la stabilité et de la sécurité dans tous les coins du pays.

I. B. (avec Tap).