Coupure de routes, jets de pierres, agressions verbales et physiques, menaces à l’arme blanche… Voilà comment certains commerçants reçoivent les agents de contrôle économique pendant l’accomplissement de leur mission.


Se laisser encore faire, ce n’est plus possible. D’un côté, les citoyens ne cessent de se plaindre de la cherté des produits de base et même de l’hygiène. Et de l’autre, le ministère du Commerce qui essaie de mettre fin à l’anarchie dans divers commerces, en lançant, fin février, une campagne pour lutter contre les dépassements de tous genres.

Depuis quelques jours, des équipes de contrôle économique sont sorties sur terrain pour accomplir leur mission. Mais voilà, dès les premières opérations, les agents ont été la cible d’attaques verbales et physiques par certains commerçants dans diverses régions du pays.

La loi de la jungle

Selon Mohamed Ali Ferchichi, responsable de l’information au ministère du Commerce, «dans plusieurs régions, les agents de contrôle économique ont été agressés. A part les insultes, il y a eu coupure de routes et même des menaces à l’arme blanche… N’empêche que nos équipes sont décidées à arrêter le fléau des commerces anarchiques et douteux qui perturbent le marché et nuisent au citoyen», a-t-il confirmé à Kapitalis. Et voilà, selon lui, quelques échantillons des agressions subies par les agents de contrôle économique :

- mardi 28 février à Zaghouan, les agents ont été interceptés par des commerçants qui ont empêché leur voiture d’entrer en ville ;

- le jour même, la même scène s’est reproduite à Nefza, Téboursek, Goubellat (Beja)…

- dimanche 11 mars, au marché central de Tunis, l’un des agents de contrôle a été agressé physiquement par un commerçant et il y a même eu un procès verbal au poste de police de la rue Charles-de-Gaulle. «Interrogés par des médias, les commerçants nous l'ont démenti alors que nous avons la preuve : le PV», ajoute M. Ferchichi ;

- lundi 12 mars, à 21h30, les agents sont allés dans un abattoir illégal de poulets à Beni Khiar (Nabeul). Là, des personnes les ont reçus avec des jets de pierres et les ont menacés avec des armes blanches (sabres). N’empêche, les agents «ont pu effectuer leur mission, certes avec difficulté, mais n’ont pas cédé. Car, les poulets dans ces abattoirs, qui ne sont que des garages non autorisés à l’exploitation, peuvent être contaminés», ajoute M. Ferchichi ;

- mercredi 14 mars, un agent en mission à Nefza a été violemment agressé par des commerçants de la ville ;

- jeudi 15 mars, le même scénario s’est répété à Ben Guerdane.

10 tonnes de poulets saisis dans des abattoirs non autorisés

«Plusieurs agents auraient aimé être escortés par des brigades d’intervention dans certaines opérations difficiles. Comme ce fut le cas à Ben Khiar. Malgré les difficultés et les risques, l’opération n’a donc pas été avortée et les agents ont pu saisir 10 tonnes de poulets, sans compter les milliers de plateaux d’œufs et les tonnes de pommes de terres», a ajouté M. Ferchichi.

Les agressions des agents de contrôle se sont déroulées donc un peu partout, au vu et au su même des services de l’ordre et de l’armée, qui n’ont pas bougé le petit doigt, même en voyant les agents de contrôle économique agressés. Ils attendent sans doute les… instructions.

Face à cette situation, le ministère du Commerce a publié, samedi 17 mars, un communiqué affirmant que ces pratiques ne feront jamais reculer les agents. Ces derniers vont «poursuivre leur travail sur le terrain dans différents circuits commerciaux». Et de rappeler, dans le même communiqué, que «les équipes sont considérées comme étant un partenaire impartial dans le circuit économique et sont chargées d’appliquer la loi».

Le ministère a notamment lancé un avertissement : toute personne empêchant les agents de contrôle d’exercer leur travail est passible d’une peine de prison d’une durée de 16 jours à 3 mois ou d’une amende allant de 50 à 5.000 dinars et dans certains cas, les deux sanctions à la fois.

I. B.