Plusieurs milliers de manifestants ont participé, mardi après-midi, à une marche à Tunis pour dénoncer l’opération israélienne menée lundi contre une flottille d’aide humanitaire à destination de Gaza. Les manifestations ont suivi une condamnation ferme de cette opération par le ministère tunisien des Affaires étrangères, qui l’a qualifiée de «violation des conventions et résolutions internationales sur l’humanitaire.»


 

Hier après-midi, des militants de partis politiques et d’organisations de la société civile, syndicalistes et simples citoyens ont parcouru pendant près d’une heure l’avenue Mohamed V, l’une des principales artères de la capitale, scandant des slogans hostiles à Israël.


«Mort à Israël !»
Brandissant des drapeaux tunisiens et palestiniens et turcs, les manifestants dont beaucoup de femmes et de jeunes arborant des keffiehs palestiniens, appelaient à la levée du blocus imposé par les Israéliens sur Gaza. «Mort à Israël, Gaza symbole de dignité», lit-on sur une pancarte brandie par des militants du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). «Non aux intérêts américains et aux ambassades sionistes sur terre arabe. Honte aux régimes arabes, Gaza se meurt», criaient les militants des partis de l’opposition.
A l’instar du reste de la communauté internationale, la Tunisie a condamné l’attaque menée par l’armée israélienne. Dans une déclaration du ministère des Affaires étrangères, rendue publique lundi, la Tunisie a réaffirmé son rejet catégorique de ces pratiques hostiles qui constituent un affront à la volonté internationale et une violation des conventions et résolutions internationales et humanitaires, et menacent de compliquer davantage la situation dans la région et de compromettre tout espoir de paix.


Non à la punition collective
Tout en réitérant sa condamnation de toutes les formes de punition collective, la Tunisie a exhorté la communauté internationale, et en particulier les forces influentes, par allusion aux Etats-Unis et au Quartet international pour le Moyen-Orient, constitué des Etats-Unis, de l’Union européenne de la Russie et des Nations Unies, à intervenir immédiatement pour lever le blocus injuste imposé au peuple palestinien à Gaza et mettre un terme à ses souffrances.
Après cette attaque meurtrière, qualifiée de crime de guerre par plusieurs experts du droit international, il apparaît évident que le problème n’est plus la sécurité d’Israël. Celle-ci n’était pas menacée par une flottille transportant des médicaments, des vivres et des militants des causes humanitaires. Le problème, aujourd’hui, c’est l’imposition d’un blocus brutal et inhumain à une population de plus d’un million d’êtres humains, réduits à la pauvreté et au dénuement le plus total.


Coup de pouce à la création d’un Etat palestinien

Dans une tribune intitulée ‘‘Nous, juifs de la diaspora, disons non à l’égarement d'Israël’’ publiée par ‘‘Rue 89’’, l’historienne juive française Esther Benbassa a comparé ce qui s’est passé le 31 mai à l’aube avec la flottille humanitaire pour Gaza à un autre épisode historique, qui a une place importante dans la mémoire des juifs, celle de l’Exodus.
«Qui ne se souvient encore de l’Exodus, qui transportait en 1947 des juifs émigrant clandestinement d’Europe vers la Palestine, à l’époque sous mandat britannique ?», s’est interrogée Benbassa. Avant d’ajouter: «Un grand nombre d’entre eux étaient des réfugiés ayant survécu à l’Holocauste. La marine britannique s’empare du navire, et la Grande-Bretagne décide de renvoyer ses passagers en France et finalement jusqu’en Allemagne. Cet épisode, témoignage de la dureté de la répression britannique, donnera un coup de pouce à la création de l’État d’Israël.»
Nous osons espérer que la dernière agression israélienne, qui a beaucoup choqué  la communauté internationale, donnera aussi un coup de pouce à la création d’un Etat de Palestine.

Imed Bahri - Photos de Salah Habibi