Ce qui se passe en France, principal partenaire économique de la Tunisie, ne laisse pas indifférents les opérateurs économiques tunisiens. Le durcissement actuel du mouvement de grève a donc de quoi les inquiéter. Mais que se passe-t-il dans l’Hexagone? Jusqu’où ira la crise actuelle? Jamel Heni, Paris.
Les raffineries françaises jouent le coup de la panne ! Quelques 200 pompes sont au régime sec, à quelques encablures de dépôts bloqués par des militants. Le ministère de l’Intérieur annonce la création d’une cellule interministérielle de crise alors que la Cgt dénonce des opérations commando remettant en marche les stations du Havre et de Marseille.
Qui veut «bloquer le pays»?

«La situation est désormais jugée extrêmement préoccupante par les distributeurs de produits pétroliers», s’inquiète la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (Ff3c), dans un communiqué. «Après une semaine de difficultés importantes pour l’approvisionnement en gazole où les entreprises de distribution ont fait l’impossible pour maintenir des approvisionnements suffisants, la ressource manque en de nombreux points du pays».
La confrontation de deux radicalités
Mais inflexible, le Premier ministre ne l’entend pas de cette oreille. Il «n’y aurait pas de pénurie» du carburant a-t-il prévenu dimanche sur Tf1, ajoutant qu’il s’opposerait à la tentation de «bloquer le pays». Presque menaçant, il a assuré «Je ne sais pas si ça sera voté mercredi, mais ça sera voté»! Avant de rattraper en pédagogue : «Il y a beaucoup de gestes qui ont été faits» au Parlement sur «les retraites des mères de famille, les longues carrières, la pénibilité» et «on est maintenant au bout du système». «Si on revient sur la question des 62 ans, on ne paye plus la retraite des Français»!
Avec l’entrée en grève des transporteurs, dès lundi 18 octobre, le mouvement s’élargit et menace de geler les artères principales de l’économie française, à deux jours du vote décisif par le Sénat de la réforme portant l’âge de la retraite à 62 ans. Un réel face à face entre deux radicalités: des syndicats plus fermes que jamais sur les acquis sociaux et un gouvernement plus sourd que jamais à leur colère. Certains observateurs n’écartent pas un remake du syndrome soixante-huitard. Toutes proportions gardées!