Cinq ans après son décès, les collègues d'Abdelaziz Gorgi rendent hommage au grand peintre et galeriste, qui a donné à la peinture tunisienne ses lettres de noblesse.
Par Zohra Abid
Il y a 5 ans, le 10 janvier 2008, la scène artistique tunisienne a perdu Abdelaziz Gorgi, l'un des pionniers de la peinture moderne en Tunisie et dans le monde arabe, membre de l'Ecole de Tunisie et fondateur de la Galerie Gorgi, à Tunis, et de la Galerie Ammar Farhat, à Sidi Bou Saïd, qui ont joué un grand rôle dans l'évolution des arts plastiques en Tunisie au cours des 50 dernières années.
A sa mort, Abdelaziz Gorgi était âgé de 79 ans et il avait continué à peindre et à réaliser des sculptures respirant la joie de vivre et la «dolce-vita» tunisienne, jusqu'au dernier de ses derniers jours.
Abdelaziz Gorgi, à l'extrême-droite, avec les membres de l'Ecole de Tunis, au Café de Paris, à Tunis, au début des années 1070.
Avec sa gouaille de «beldi» (tunisois), son sens de l'hospitalité et son humour irrésistible, Abdelaziz Gorgi, co-fondateur de l'Ecole de Tunis (avec Ammar Farhat, Yahia Turki, Jellal Ben Abdallah, Ali Bellagha et Pierre Boucherie), était l'une des figures les plus marquantes des arts et de la culture en Tunisie au cours de la deuxième moitié du siècle dernier.
L'artiste, toujours vivant à travers ses œuvres qui tapissent les murs des musées et des grands collectionneurs, a réalisé des travaux pour la décoration du siège de l'OMS à Genève, ainsi que celui de l'Union postale universelle à Berne. Il a aussi réalisé une série de timbres pour la Poste tunisienne.
Parmi ses chefs d'œuvre, on compte des fresques et divers travaux au Koweït et Abou Dhabi. Il a participé aussi à plusieurs expositions internationales, notamment à Chicago et New York, aux Etats-Unis. Plusieurs de ses dessins, sculptures, céramiques et tapisseries ornent aujourd'hui certains établissements publics en Tunisie. Et certaines de ses toiles, représentant les rabbins de Tunis, se trouvent à la synagogue de la Ghriba à Djerba.
"Ses sujets s'imposent sur la toile, amusants, gaies, sympathiques..."
L'année 2000 avait été désignée «L'année de Gorgi» par le ministère de la Culture en hommage à l'homme et en reconnaissance pour l'empreinte indélébile qu'il a laissée dans l'art et la culture en Tunisie. A cette occasion, il avait présenté l'une de ses dernières expositions personnelles à la Maison des arts au Belvédère.
«Ses peintures sont souvent peu peuplées: les sujets s'imposent sur la toile, amusants, gaies, sympathiques et dégageant une grande réalité dans leurs expressions», note un critique d'art. Il ajoute: «Ces peintures sont pleines d'humour, d'ironie et jubilatoires. Ses peintures à l'huile, ses aquarelles sont flamboyantes de couleurs et d'une grande modernité.»