Avec La Badira, un hôtel cinq étoiles labellisé LHW, qui vient d'ouvrir à Hammamet Nord, le tourisme tunisien, qui broie du nord depuis un certain temps, voit une éclaircie à l'horizon.
Par Anouar Hnaïne
Depuis quelques années, lorsqu'on parle de tourisme, hier fierté de l'économie, on frôle la dépression, tellement l'image du pays s'est barbouillée, brouillée, salie et pervertie et j'en passe. Et voici une fleur qui sort des sables attire les responsables, une réalisation qui donne chaud au cœur. Le secteur du tourisme devrait en être fier, et de la meilleure façon. La Badira, un cinq étoiles ouvre ses portes à Hammamet Nord.
Le mauvais service n'est pas une fatalité»
Pendant ce temps, les médias étrangers et locaux relatent la désertion programmée des touristes, la calamiteuse qualité des services, la catastrophique image des régions touristiques, les faits divers qui se transforment en événement majeurs et le manque de visibilité. Et rappellent les beaux jours («Ah, les beaux jours !»).
Mouna Allani Ben Halima annonce l'ouverture de La Badira.
Quant aux internautes et autres journalistes, ils ne parlent que du dernier selfie ou du dernier décolleté de la ministre en charge du secteur. De notre côté, on n'a rien contre, mais cela devait être un adjectif à l'efficacité et non pas un sujet en soi.
Un jour viendra, peut être, où on parlera des perspectives, de la prospective ou d'une une géostratégie. Rêvons...
Un cinq étoiles qui ouvre par les temps qui courent est par conséquent un acte courageux, une profession foi. Aussi, Kapitalis revient-il sur le sujet pour connaitre les motivations qui poussent un promoteur à construire une unité de haut de gamme en pleine crise.
Comme Obélix, Mouna Allani Ben Halima est tombée dedans dès l'enfance.
L'hôtel est de structure contemporaine, jouant sur les blancs et noirs, chambres et piscines privatives, blocs extrêmement inventifs, juste ce qu'il faut d'arcs. Il arpente de nouvelles réalités artistiques local/moderne, le jeune.
Les architectes Hakim Mami et Slim Ben Chedli, du cabinet HSA, semblent être inspirés de l'art optique, du Vasarely première période. On y trouve même une forme de fabrique, une fantaisie, un couloir noir pour accéder à la lumière du jour au large. On apprécie.
Le directeur éxécutif Patrick Phillips et le chef Slim Bettayeb.
Mouna Allani Ben Hlima, promotrice du projet. «Comme Obélix est tombé, bébé dans la potion magique, moi je suis née dans le chaudron du tourisme», nous dit-elle. Fille de Mohamed Allani, hôtelier et pionnier du secteur, elle est héritière d'une famille riche en expérience dans l'hôtellerie et le tourisme.
Des chambres aux noms d'artistes
Investir près de 30 millions de dinars dans un hôtel alors que la conjoncture est décourageante est une prise de risque. «Toute conjoncture est relative, celle-ci m'a encouragé à monter en gamme, les TO, les faux amis étrangers, les médias qui pensent que le secteur est agonisant se trompent sur toute la ligne. Avec cette réalisation de plus de 30 millions de dinars, un investissement important, je démontre, si besoin est, que notre pays reste une destination attractive.»
Les noms de tous les villages du Cap Bon sur un plateau.
Pourquoi un cinq étoiles? «C'est ça la réponse à une conjoncture, oui un cinq étoiles créé, conçu avec goût et relativement peu de chambres (120 mini-suite en open-space, etc.) pour une clientèle de haut de gamme qui trouveront du bonheur à passer leurs vacances.»
Où allez-vous chercher cette clientèle haut de gamme? «Dans les 250 centres de vente de LHW. Vous êtes les premiers arrivés, demain (jeudi 10 décembre 2014, NDLR), nous entrerons en activité, mais avant tout cela, ce fameux label international Leading Hotels of the World (LHW) qui compte plus de 400 hôtels sélectionnés de par le monde avec 25 bureaux de représentations, 800 points d'inspection, nous a classé dans le cercle des happy fews. Cette marque qui octroie son label aux unités pouvant réellement prétendre aux normes les plus exigeantes en matière d'hébergement, de service, de gastronomie, d'artisanat, de patrimoine, bref de qualité de séjour, est une garantie pour notre clientèle. Cet organisme de prestige nous a eux audités deux fois. Il va conseiller La Badira à sa clientèle, ce qui nous réjouit beaucoup».
Le mur du restaurant, des noms d'artistes et de personnalités familiers de la Tunisie.
Question posé par un journaliste, lors de la conférence de presse tenue à l'hôtel, La Badira, un nom propre? «Lyrique, Mouna, disserte sur le choix de ce nom qui dérive de Badr (la lune). Plus poétiquement, les premières lueurs de la lune. Ces premières lueurs ont séduit les grandes figures de l'art et de la culture.»
Mouna, amatrice d'art est admiratrices des artistes amoureux de Hammamet, au point de baptiser les chambres en leurs noms : Cocteau, Gide, Klee, Sebastian...
Avec des volontés pareilles, le tourisme aura de beaux jours.
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