Enseignement secondaire

Une étude de l'économiste Moez Labidi pose la problématique des échecs récurrents du système éducatif tunisien et des pistes de réforme nécessaires.

Par Hamdi Hmaidi

Dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, édition 2013), la Tunisie est classée 56e sur un ensemble de 65 pays. Dans le classement de Shanghai des 500 meilleures universités dans le monde, notre pays brille par son absence. Chez nous, le taux de chômage des diplômés du supérieur ne cesse d'augmenter. Il est aujourd'hui à 31,4%. Le système éducatif tunisien est à la fois en décalage par rapport aux besoins du marché local et par rapport aux normes internationales.

C'est à partir de ces quatre constatations majeures que Moez Labidi*, professeur universitaire et conseiller économique auprès de l'intermédiaire en bourse Mac SA, aborde la question de la nécessité d'une réforme approfondie du système en question, réforme envisageable à partir de l'identification des conditions de sa réussite et des retombées positives qu'elle peut avoir sur l'économie.

Selon lui, quatre actions sont à entreprendre pour que cette réforme soit effective : refonte des programmes, innovation des méthodes pédagogiques, mise à disposition des enseignants et des apprenants des moyens et des outils indispensables à une formation présentielle, à distance, continue et en alternance, introduction des pratiques de la bonne gouvernance dans les écoles et les universités.

Les résultats escomptés sont au nombre de trois. Le premier concerne le fléau des cours particuliers que M. Labidi appelle la «bulle des cours de soutien», bulle qu'il faut absolument «dégonfler», dit-il. Le second a trait à l'amélioration de la qualité des diplômes. Quant au troisième, il est attendu au niveau du rapprochement de l'enseignement et de la recherche scientifique.

L'auteur de l'étude explique l'essor qu'a connu l'«industrie de l'étude» par la conjonction de trois facteurs: la perte de confiance dans le système scolaire actuel, le souci des parents d'assurer à leurs enfants les meilleures conditions de réussite aux diplômes nationaux, la détérioration du pouvoir d'achat des enseignants.

Mettre fin à cette pratique aurait un «effet revenu» et un «effet temps libre». En ne payant plus de cours de soutien, les parents amélioreront leur pouvoir d'achat en épargnant jusqu'à 25% de leur salaire. En n'étant plus obligés de suivre ces cours, les élèves disposeront de plus de temps libre et pourront ainsi d'adonner à des activités culturelles ou participer à des actions associatives. De leur côté, les parents auront la possibilité de consacrer un budget au tourisme intérieur.

Le second résultat d'une réforme sérieuse sera perceptible grâce à l'amélioration de la qualité des diplômes. La Tunisie compte aujourd'hui 242.000 diplômés du supérieur au chômage parce qu'ils n'ont pas la formation requise.

Des diplômes de qualité permettraient à leurs titulaires d'être insérés plus facilement dans les marchés de l'emploi étrangers. Ils attireraient également des étudiants étrangers, notamment des étudiants africains. Ils augmenteraient, par ailleurs, l'attractivité des cliniques et des hôpitaux tunisiens pour des patients venant de plusieurs pays et assureraient de la sorte une bonne rentrée de devises. Ils boosteraient l'employabilité des jeunes et contribueraient par là-même au recul du chômage et de la pauvreté. Ils valoriseraient enfin les filières professionalisantes au sein des universités.

Le troisième résultat escompté consiste en un «rapprochement de l'enseignement et de la recherche scientifique». Cette synergie est de nature à faciliter l'adoption de nouvelles technologies. Elle peut aussi augmenter l'offre de chercheurs et assurer le passage à une économie de l'innovation, à une économie plus compétitive.

* ''La réforme du système éducatif: Quels dividendes pour l'économie tunisienne?'', Moez Labidi, Mac SA, Bulletin économique n° 20, mars 2015.

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