Pour mieux lutter contre le chômage, le gouvernement tunisien a demandé, pour la première fois, des soutiens extérieurs, en l’occurrence ceux de l’Union européenne (Ue) et de la Banque mondiale (Bm).


C’est un récent rapport de l’institution internationale qui le révlèle. Cette demande d’aide extérieure dénote la détermination des pouvoirs publics à tout mettre en œuvre pour venir à bout d’un problème qui affecte une partie de la population. Il dénote aussi la prise de conscience, chez ces mêmes pouvoirs publics, que le défi du chômage est tellement important qu’il ne saurait être relevé par les seuls moyens dont dispose le pays.
«Les principaux défis de la Tunisie pour l’avenir sont de garantir la génération d’emplois de qualité, de fournir une force de travail adéquatement compétente, et une efficiente adéquation entre les emplois et les travailleurs», analyse la même source.
Or, et les partenaires étranges s’en étonnent toujours, «malgré ses excellents résultats macroéconomiques, le rythme de création des emplois n’a pas été conforme avec la croissance de la force de travail et a été aggravé par la récente crise économique» et «le chômage demeure un problème persistant».
En effet, la Tunisie a un taux de chômage «relativement élevé de 14,7% (comparé au 6,4% pour tous les pays à revenu intermédiaire)» qui «cache une disparité frappante par âge, les groupes jeunes de la force de travail étant plus touchés».

Offre excédentaire de diplômés et pénurie de techniciens
De surcroît, le taux de chômage des diplômés de l’université a littéralement explosé en quinze ans, passant de 5% en 1994 à 23% en 2009. Et ce taux pourrait s’accroître car le nombre de sortants de l’université va continuer à progresser, passant de 69.000 en 2006-2007 à 79.900 durant l’année universitaire 2010-2011.
Cette analyse est partagée par la Bm qui annonce que le chômage va «vraisemblablement» s’aggraver, «spécialement pour diplômés de l’université, en raison d’une offre de travail encore croissante, d’une demande insuffisante,  et d’un marché du travail fonctionnant mal» et menant de ce fait en moyenne à de longues périodes de chômage. Une situation imputable, d’après le rapport de la Bm, d’abord au système éducatif «qui ne répond pas aux besoins du marché de l’emploi», puisqu’il génère «une offre excédentaire de diplômés et des pénuries de techniciens». Et même s’ils ont la chance d’éviter le chômage, les diplômés de l’université «trouvent surqualifiés ou dans des emplois qui ne correspondent pas à leurs qualifications».

Emplois informels et contrats à durée déterminée
Ensuite, deuxième facteur générateur ou aggravant le chômage, la rigidité de la législation du travail et des procédures afférentes, puisque la Tunisie – où «l’emploi informel et les contrats à durée déterminée sont de plus en plus répandus que ceux à durée indéterminée» – se distingue par le score le plus élevé dans la région pour ce qui est de l’index de la difficulté de licencier.
De même, le déficit en matière de création d’emplois est imputable aussi, d’après la Bm, à ce que son rapport appelle «la fixation centralisée des salaires» qui sont «négociés monopolistiquement par des syndicats dont tous les membres sont employés». Alors que les chômeurs – qui «pourraient profiter d’une baisse de salaires contre une augmentation des emplois créés» – «n’ont pas voix au chapitre».

L. B.

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