Suite de la marée noire provoquée par le naufrage d’une plateforme exploitée par BP dans le Golfe du Mexique aux Etats-Unis, on ne peut que s’interroger sur les mesures de sécurité prises par les entreprises effectuant des forages au large des côtes tunisiennes. Une communication à ce sujet de la part du ministère de l’Industrie et de la Technologie ne serait pas superflue.

 



En 2009, 23 puits ont été forés en Tunisie, au golfe de Hammamet et ailleurs. Notre pays prévoit d’en forer 32 autres au cours de l’année en cours. Pour un pays réputé pour son tourisme balnéaire comme le nôtre, où, de surcroît, la pêche fait vivre des dizaines de milliers de familles, et qui n’est pas doté des moyens techniques susceptibles de lui permettre de venir à bout d’une catastrophe pareille, ou même de moindre envergure, aucun risque ne saurait être toléré.
Si, en Tunisie, ce sujet ne semble pas alarmer beaucoup de monde, au nord de la Méditerranée, en revanche, des voix s’élèvent déjà pour sonner l’alarme. C’est le cas duPlateforme de forage de British Gas, Sadrabaal, à 106 km au large de Sfax. sénateur français Roland Courteau, qui, dans plusieurs interventions, notamment auprès du Commissaire européen chargé de l’environnement, Stavros Dimas, et du Premier ministre français, François Fillon, s’est interrogé «sur les risques d’accidents liés à l’exploitation des gisements pétroliers offshore».
Le parlementaire français rappelle «qu’il y a en Méditerranée 232 plateformes pétrolières ou gazières opérationnelles, au large de l’Espagne, de l’Italie, de l’Egypte, de Tunisie etc., auxquelles s’ajoutent 11 appareils en cours de forage». Considérant que «le risque zéro n’existe pas, comme la terrible catastrophe écologique du golfe du Mexique, le démontre cruellement», Roland Courteau demande des assurances sur les conditions actuelles d’exploitation des dites plateformes pétrolières et les moyens de contrôle et d’inspection engagés.

Au-delà du plan Polmar (dispositif français en cas de marée noire), le sénateur – qui est également chargé par l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques d’une mission sur «l’état de la Méditerranée, face aux pollutions» –interroge les autorités européennes et françaises, notamment «sur l’état de préparation des 21 Etats riverains et l’Union Européenne [y compris la Tunisie, ndlr], adhérents à la convention de Barcelone, face à une pollution d’envergure par hydrocarbure» et posé la question «de l’avenir des forages pétroliers en mer».
Au sud de la Mare Nostrum, le sujet semble aussi intéresser les responsables du Centre d’approvisionnement et des services pétroliers de la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) qui ont participé, dimanche 16 mai, à une conférence sur les évolutions dans le domaine de la prospection et du forage pétroliers en fond marin. Cette conférence, organisée par le département de l’ingénierie maritime de l’université Al-Fateh de Tripoli, en Libye, a abordé les techniques exigées pour les industries pétrolières et gazières en mer et le contrôle de la pollution de l’environnement et les navires d’appui et leurs incidences sur les activités industrielles en mer.
La Libye, qui dispose de la plus importante bande littorale en Méditerranée et qui développe aussi des activités de forage en plein mer, semble prendre conscience de la gravité du problème de la pollution marine et chercher à s’y préparer.
La Méditerranée est une mer semi-fermée. Ses eaux ne peuvent se renouveler totalement qu’en un siècle. Elle abrite sur 0,8 % de la surface et 0, 3% du volume des eaux océaniques et 7 à 8% des espèces marines connues.

 

I.B