Selon les chaînes Al-Jazira et Libya Al Hourra, la voix des insurgés diffusant à partir du Qatar, la Tunisie aurait reconnu officiellement le Conseil national de transition (Cnt) libyen comme unique représentant du peuple libyen.
Aucun média officiel tunisien n’a confirmé cette information, dont la source est, sans doute, un membre du Cnt. Tunis et, surtout, Djerba ont été, ces dernières semaines, le théâtre d’un véritable ballet des représentants du Cnt et des responsables libyens proches de Kadhafi.
Des contacts avec les deux parties
Des pourparlers, indirects, ont eu lieu entre les deux parties. La Tunisie, qui a observé jusque là une neutralité exemplaire, gardant le contact avec les deux parties, ne pouvait faire mystère de sa préférence. Si elle a gardé de bonnes relations avec les deux parties, facilitant, autant que faire se peut, leurs déplacements via le poste frontalier de Ras Jedir et l’aéroport de Djerba-Mellita, unique point de départ des Libyens pour les vols internationaux.
Des informations, recueillies auprès des responsables libyens, ont confirmé la situation difficile dans laquelle se trouve Kadhafi et les siens. Ce qui a fait dire au ministre tunisien de l’Intérieur, Habib Essid, dans un entretien, jeudi, à l’agence Tap: «Nous avons renforcé la présence de l’armée pour être prêts à tous les scénarios. Aux dernières informations, Kadhafi en serait à son dernier quart d’heure, dans ce cas nous aurons à gérer un autre flux de réfugiés».
Des informations, relayées par des médias internationaux au cours des dernières 24 heures, affirment que Tunis et Le Caire n’ont pas donné suite à une demande libyenne d’offrir un refuge à Kadhafi. Là aussi, les officiels tunisiens n’ont confirmé ni infirmé cette information.
Sauve qui peut Tripoli!
Les cinq véhicules 4X4 pleins d’armes qui ont été surpris par l’armée tunisienne, vendredi soir, à la lisière des gouvernorat de Douz et de Ben Guerdane (sud), et qui ont pris la fuite en direction de la frontière libyenne, seraient en mission d’exploration pour préparer la fuite de Seif El islam et de certains autres fils du Guide vers l’Algérie, estiment des sources libyennes.
Quoi qu’il en soit, la Tunisie, qui a massé ses forces armées et sécuritaires aux frontières libyennes et algériennes, s’attend à passer «un mauvais quart d’heure», selon les mots utilisés par un officier de l’armée, avec le renforcement de l’afflux des réfugiés libyens.
La Tunisie, qui a compris que le régime de Kadhafi et ses moyens de résistance ont été largement affaiblis, a-t-elle décidé enfin de choisir le camp qui fut, dès le début, le sien, mais qu’elle s’est gardée jusque-là de soutenir de manière ostentatoire pour ne pas braquer Kadhafi? Peut-être. Il est possible cependant qu’après la chute de Tripoli, Kadhafi et les siens choisissent enfin la Tunisie, comme un point de passage, pour partir vers une destination lointaine.
Dans tous les cas, les responsables tunisiens doivent gérer la situation intérieure et leurs relations avec les deux parties en Libye avec le doigté et la bienveillance qu’on attend généralement d’un bon voisin.
Imed Bahri