Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct), avertit de nouveau : la deuxième année de transition sera difficile, alors que la marge de manœuvre monétaire est devenue limitée.


La Tunisie réalisera un taux de croissance nul ou négatif, à la fin de l’année 2011, ce qui devrait entraîner une baisse du rythme de création d’emplois et une hausse du taux de chômage qui dépassera 18%, a déclaré Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (Bct), contre «seulement» 13%, en mai 2010.

Des prévisions pessimistes

Intervenant à l'ouverture de la conférence annuelle du Forex Club de Tunisie, sur «les marchés de capitaux et les nouveaux défis de l’économie tunisienne», le gouverneur a justifié ces prévisions pessimistes par la décélération de la croissance de deux secteurs stratégiques, à savoir le tourisme et les mines et phosphates et dérivés.

M. Nabli a tenu à préciser que «la deuxième année de transition sera difficile. La Tunisie aura à faire face au cours de cette période, à des défis importants, liés notamment à l’emploi, à l’investissement, à la préservation des équilibres financiers et à la politique monétaire». Et d’ajouter, que la marge de manœuvre de la Bct est devenue limitée, aux plans monétaire et des réserves de changes, estimées actuellement, à 110 jours d'importation, niveau qu’il a jugé encore acceptable.

Le gouverneur a souligné que les autorités monétaires ont réussi, au cours de la période de transition, malgré les difficultés rencontrées, à maintenir le bon fonctionnement du système de base (crédit, paiement, budgétaire), à maîtriser l’inflation, à préserver les équilibres macro-économiques, à assurer la stabilité du taux de change et à maintenir le niveau de la dette extérieure à un niveau acceptable (38% fin 2011).

Faiblesse des marchés de capitaux

Cette conférence, qui a réuni plusieurs experts et spécialistes financiers, a été l’occasion de dresser le bilan de la situation des marchés de capitaux en Tunisie et de débattre des réformes à engager en vue de les dynamiser afin qu’ils contribuent davantage au financement de l’économie.

Analysant la situation des marchés de capitaux, les participants ont été unanimes à souligner que ces marchés, au demeurant, peu développés en Tunisie, souffrent de problèmes de transparence, de liquidité et de profondeur (capacité d’un marché à absorber des ordres d’achat et de vente, portant sur des montants importants).

Ces marchés ne se sont pas développés, selon eux, en raison de l’absence d’une courbe de taux de référence (outil d’analyse de l’évolution des taux de changes, selon les différentes échéances). Cette courbe qui renseigne sur les anticipations des marchés, constitue une aide à la prise de décision.

L’objectif recherché, au final, est d’avoir une meilleure allocation de ressources entre offreurs et demandeurs de liquidité sur les différentes maturités (plus la maturité est longue, plus les taux sont élevés).

Renforcer la transparence du marché

Les participants ont appelé, à cet effet, à construire une courbe de taux significatifs (qui reflète au mieux les tendances de l’évolution des taux) et de ne plus se référer au Taux du marché monétaire (Tmm), dans la mesure où il ne reflète la situation du marché monétaire que sur le court terme.

S’agissant du marché obligataire, les panélistes ont recommandé de planifier au mieux le calendrier des émissions des bons de trésor, de renforcer le contrôle sur les titres de l’Etat et de dynamiser le marché secondaire et de renforcer sa transparence.

Autres propositions formulées par les participants, la création d’une plate-forme électronique de bons de trésor devant répertorier tous les ordres d’achat et de vente des titres et l’élargissement de la palette des instruments de couverture contre les risques de change et d’intérêt.

Il s’agit, également, de permettre aux banques de jouer le rôle de «Market maker» ou teneur de marché (acteur dans un marché financier dont le rôle est d’assurer la liquidité des titres, en proposant, de façon régulière et continue, des prix à l’achat et à la vente).

I.B. (avec Tap).