Alors que Tunisiana, réseau Gsm d’Orascom Telecom Tunisie, vient de suspendre partiellement, depuis le jeudi 5 août, le service BlackBerry destiné à ses clients, notamment celui de l’e-mail dont les adresses sont domiciliées à l’étranger*, Djezzy, la marque d’Orascom Telecom Algérie pourrait être amenée à arrêter la commercialisation de ce service.
Le gouvernement algérien pourrait en effet décréter l’interdiction du BlackBerry s’il arrive à la conclusion que les services email et internet de ce téléphone intelligent peuvent «représenter une menace pour la sécurité nationale ou contreviendraient aux lois locales relatives à la pornographie ou à la pédophilie.
C’est ce qu’ont annoncé nos confrères d’‘‘El Watan’’, citant une source proche du secteur des télécoms à Alger. L’Algérie emboîterait ainsi le pas aux Emirats arabes unis, à l’Inde et à l’Arabie Saoudite, qui menacent d’interdire certains services de ces smartphones fabriqués par le canadien Research in Motion (Rim).
Les risques d’espionnage
En quoi BlackBerry, le smartphone de prédilection de Tunisie Telecom, soit dit en passant, pourrait-il représenter une menace pour la sécurité nationale d’un pays? Réponse du journal algérien: «Le risque est inhérent au téléphone BlackBerry lui-même: les emails sont cryptés et seul le canadien Rim possède les clés de décryptage. Ce qui rend la tâche quasi-impossible aux services de sécurité de parer aux menaces terroristes ou autres.»
Les confrères algériens évoquent un autre problème: «le fait que les emails et les services d’agenda ou de carnet d’adresses, par exemple, sont stockés sur des serveurs installés au Canada, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour le cas de l’Algérie.» Il conclut: «C’est dire les risques d’espionnage pour les 46 millions d’utilisateurs de par le monde.»
Le BlackBerry est proposé en Algérie par deux opérateurs de téléphonie mobile: Orascom Télécom Algérie (Djezzy) et l’opérateur public Mobilis. Son introduction a été précédée par l’obtention d’un agrément de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt). Avant de délivrer son agrément, celle-ci n’a examiné que l’aspect purement commercial, notamment la défense du consommateur contre d’éventuels abus de tarification
Problème de chiffrage et de cryptage des signaux
‘‘El Watan’’ explique également que l’article 25 du cahier des charges de la licence Gsm de Djezzy et Mobilis stipule que «le titulaire peut… proposer à ses abonnés un service de cryptage dans le respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur. Il est tenu de déposer auprès de l’Autorité de régulation les procédés et les moyens de chiffrage et de cryptage des signaux préalablement à la mise en service de ces systèmes». Or, dans ce cas, ni Djezzy ni Mobilis ne disposent des clés de cryptage, celles-ci étant détenues par le canadien Rim.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pourrait diffuser une circulaire interdisant le BlackBerry si le canadien Rim ne fournit pas les clés de cryptage à l’Algérie ou ne collaborerait pas avec les autorités algériennes, comme l’ont déjà exigé les Emirats arabes unis ou de l’Inde.
Rappelons qu’en France, sur avis des services de renseignement, le BlackBerry est interdit aux hauts fonctionnaires et aux ministres. Idem pour la Tunisie, où cette interdiction est en vigueur depuis décembre dernier.
M. N.
*– Le service pourrait cependant être rétabli pour les clients qui adopteront une adresse domiciliée en Tunisie. Selon nos confrères d’African Manager, la suspension ne toucherait que 600 clients.
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