Syphax Airlines vient à peine de faire voler ses avions qu’elle rencontre déjà des problèmes. Des voix s’élèvent à Tunisair pour empêcher la jeune compagnie privée d’assurer des vols à partir de l’aéroport de Tunis-Carthage.

Par Imed Bahri


Le courageux promoteur Mohamed Frikha, qui a eu le mérite d’investir dans le projet d’une nouvelle compagnie aérienne privée à un moment où d’autres promoteurs ont levé le pied sur l’accélérateur, ne comprend pas ce volte-face.

Les inquiétudes de Tunisair

Le patron de Telnet et Syphax Airlines s’insurge: «On va certes concurrencer Air France, Air Méditerranée, Aigle Azur et Transavia, qui assurent des vols sur Tunis-Carthage, mais pas Tunisair», dit-il. Il ajoute, écœuré: «Quand j’ai commencé à travailler sur le projet, l’ex-Pdg de Tunisair Hamadi Thamri nous a encouragés. Le Pdg de l’Office de l’aviation civile et des  aéroports de l’époque nous a aussi soutenus. Ainsi que Chiheb Ben Ahmed, patron de Tunisie Handling, qui a donné son accord pour que le handling soit assuré à Syphax Airlines dans tous les aéroports tunisiens. Nous avons eu toutes les autorisations techniques dans les règles de l’art. La France nous a ouvert tous ses aéroports (Paris, Lyon, Marseille et Nice), alors qu’on nous ferme l’aéroport de Tunis-Carthage, ce n’est pas raisonnable.»

M. Frikha, qui s’est jeté dans l’aventure en pleine période post-révolution et a réussi à réaliser son projet en à peine 9 mois, n’arrive pas à admettre la position de ses collègues de Tunisair. Ces derniers ont certes de bonnes raisons d’être inquiets pour l’avenir de leur compagnie, mais est-ce une raison pour demander à M. Frikha de «temporiser un peu»?

«Rester seulement sur l’aéroport de Thyna-Sfax nous permettra de faire travailler nos deux avions 4 à 5 heures par jour. Ce serait très insuffisant. On signerait ainsi la mort de la compagnie», explique M. Frikha.

Pour lui, les problèmes de Tunisair ne viendraient pas de Syphax Airlines qui vient juste de naître. Cette compagnie, qui va être basée à l’aéroport de Thyna-Sfax n’a que 2 avions et ne peut pas, par conséquent, concurrencer Tunisair qui en a 32.

Manque de solidarité des compagnies tunisiennes

«En ce qui concerne l’Open Sky, les négociations vont être ré-ouvertes dans deux mois et nous seront obligés de l’appliquer en 2013. Pour cela les compagnies tunisiennes doivent rester unies et travailler main dans la main, pour préparer cette ouverture», explique encore M. Frikha. Qui déplore, au passage, le manque de solidarité des opérateurs tunisiens en cette phase délicate de l’évolution du secteur.

«Les compagnies aériennes tunisiennes sont réunies dans un pool assurance (Tunisair, Nouvelair, et même Carthago) pour payer moins d’argent aux  compagnies d’assurance et sortir moins de devises du pays. Je n’ai pu intégrer ce pool que deux jours avant notre premier vol Tunis-Sfax, samedi dernier. Et c’est pour cette raison que j’ai eu du retard pour faire venir les avions», déplore encore M. Frikha.

«Pourquoi Tunisie Handling assure-t-il ses services pour toutes les compagnies aériennes et ne le ferait pas pour Syphax, ce n’est pas normal, alors que je vais apporter 10 millions de dinars au chiffre d’affaires de Tunisair», ajoute-t-il.

Sur sa page Facebook officielle, la compagnie aérienne publique a écrit, aujourd'hui, ceci: «Tunisair ne s’est jamais opposée à l’arrivée de Syphax Airlines dans le paysage du transport aérien national. Tunisair a accueilli cette création favorablement car ceci ne fait que renforcer le pavillon national et augmenter ainsi sa part de trafic au départ de la Tunisie. Le groupe Tunisair est au service de Syphax Airlines et d’autres compagnies pour assurer soit l’assistance aéroportuaire soit l’assistance technique de ses partenaires, après signature de conventions».

Où est donc le problème? Si le management est si favorable à la naissance de la nouvelle compagnie, qui donc à Tunisair appréhende cette naissance?