«Vous les critiquez ? Alors vous les aurez pour un nouveau bail!», semble dire Ennahdha aux adversaires des ministres les plus incompétents, qui ont été reconduits dans le nouveau gouvernement.

 

L'examen de la liste des ministres du nouveau gouvernement présenté, vendredi, par le chef du gouvernement désigné, Ali Lârayedh, au président provisoire de la république Moncef Marzouki, montre que les ministres les plus décriés du gouvernement Hamadi Jebali ont tous été reconduits, et parfois dans leurs postes, comme pour désespérer davantage leurs adversaires («Moutou bi-ghaydhikom»).

C'est le cas, par exemple, de Sihem Badi (Affaires de la Femme et de la Famille), l'une des ministres plus incompétentes et des plus arrogantes que la Tunisie ait eu depuis l'indépendance en 1956. N'a-t-on pas pu trouver une Tunisienne plus méritante pour défendre la cause de la femme et de la famille? La reconduction de cette provocatrice à son poste, qui plus est le jour de la célébration de la Journée internationale de la femme, peut être interprétée comme une offense à toutes les femmes tunisiennes.

L'allégeance tapageuse de Sihem Badi à Ennahdha, son parti d'origine qu'elle n'a jamais quitté, même si elle se proclame aujourd'hui du Congrès pour la république (CpR), est sans doute pour beaucoup dans sa «longévité» politique. Beaucoup plus, en tous cas, que ses compétences ô combien invisibles!

C'est le cas aussi de Abdelwaheb Maâtar, un autre Nahdhaoui déguisé en Cpriste, dont le bilan à la tête du ministère de l'Emploi et de la Formation a été quasi nul, de l'avis de tous les observateurs, et qui se voit aujourd'hui confier par Ali Lârayedh le ministère du Commerce et de l'Artisanat. Il avait dit un jour : «Le rôle du ministère de l'Emploi n'est pas de créer un emploi». Que dira-t-il de sa nouvelle mission? Bonjour les dégâts!

On pourrait dire autant de Slim Ben Hmidene, resté à la tête du ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, qui n'a pas brillé, lui non plus, par ses grandes performances. «Ouzir El Ghalba» (ministre faute de mieux), disait de lui Néziha Rejiba alias Om Zied, qui a démissionné du CpR en 2011.

On remarquera aussi que les ministres les plus décriés d'Ennahdha, de Moncef Ben Salem (Enseignement supérieur), à Noureddine Bhiri (Justice), en passant par Abdellatif Mekki (Santé), Abdelkerim Harouni (Transport), Noureddine Khademi (Affaires religieuses) ou autres Mohamed Ben Salem (Agriculture), ont également tous été reconduits, comme si le parti islamiste voulait dire aux adversaires de ces apprentis ministre, bavards, incompétents et arrogants à la fois: «Vous les critiquez ? Alors vous les aurez pour un nouveau bail!»

I. B.