Sahbi Atig, chef du bloc parlementaire du mouvement islamiste Ennahdha a menacé tous ceux qui oseraient soutenir la rébellion contre le gouvernement légitime.
Ces propos, Sahbi Atig les a tenus à l'avenue Habib Bourguiba, lors de la manifestation de soutien au président égyptien déchu Mohamed Morsi, organisée samedi par le parti Ennahdha.
Sahbi Atig s'est adressé aux Tunisiens. «Toute personne qui piétine la légitimité, en Tunisie, sera piétinée par cette légitimité. Pour ceux qui oseront tuer la volonté du peuple, aussi bien en Tunisie qu'en Egypte, la rue tunisienne sera autorisée à en faire autant, y compris d'en faire couler le sang (''youstabahou'')», a-t-il crié au micro, devant quelques centaines de partisans d'Ennahdha.
Ces menaces, au-delà de leur aspect inquiétant venant d'un homme politique, qui plus est le chef du bloc parlementaire d'Ennahdha, sont sanctionnés (normalement) par la loi.
Les réactions n'ont pas tardé sur la toile, entre mépris et indignation. Les Tunisiens n'ont pas apprécié – c'est un euphémisme – les propos de M. Atig. Certains ont répondu aux menaces qu'ils ne craignent rien.
Mohsen Marzouk, dirigeant de Nida Tounes, a proposé à Sahbi Atig, sur sa page Facebook de «jeûner les mots, cela ferait du bien à tout le monde». Son statut posté à 3h du matin ajoute, sur le ton de raillerie: «Nous demandons à M. Atig de ne plus parler durant la période de jeûne, sous une forte chaleur, et devant un petit public».
L'Avocate et cofondatrice de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Bochra Belhaj Hamida, se suffira d'un «kaskaslou yarjaâ laslou» (Chassez le naturel, il revient au galop), posté sur sa page Facebook.
Le Parti des travailleurs s'et indigné dans un communiqué où il explique que la réaction de Sahbi Atig est dangereuse d'autant plus qu'elle émane d'un représentant du parti au pouvoir. Toujours selon le communiqué, les propos de M. Atig confirment le discours violent et menaçant d'Ennahdha. Il rappelle par la même occasion que la légitimité du parti au pouvoir est terminée et que les menaces ne font plus peur à personne.
Le discours du chef du bloc parlementaire est pour le moins inquiétant. Le rappeur Weld El 15 avait été arrêté et emprisonné pour avoir tenu des propos violents dans une de ses chansons, diffusée sur la toile. Amina Sboui croupit en prison depuis le 19 mai dernier pour avoir tagué le mot Femen sur le muret d'un cimetière à Kairouan.
Qu'adviendra-t-il de M. Atig, qui appelle à la haine et à la violence, qui plus est, sur la voie publique? Et si, demain, l'un des membres des Ligues de protection de la révolution (LPR), présent parmi l'auditoire, croit devoir mettre en pratique les menaces de M. Atig? N'a-t-on pas déjà vu des éléments islamistes assassiner le dirigeant de gauche Chokri Belaïd après que des dirigeants d'Ennahdha l'aient accusé d'athéisme?
Parions que la justice, dont on a de bonnes raisons aujourd'hui de soupçonner une certaine allégeance au pouvoir en place, ne bougera pas le petit doigt!
Y. N. M.
Illustration: capture d'écran.