khemaies chammari 2 10La commission de tri des candidatures à la commission Vérité et Dignité, relative à la justice transitionnelle, a décidé de geler la candidature de Khémaïes Chammari. Scandaleux à plus d’un titre.

Cette décision pour le moins regrettable a été prise à la suite de l’opposition à la candidature de Khémaies Chammari bruyamment exprimée par des députés du Congrès pour la république (CpR), parti du président provisoire de la république Moncef Marzouki, et de leurs collègues du parti Wafa, une excroissance du CpR.

Ces derniers, dont la plupart n’ont pas brillé par leur opposition à l’ancien régime, ont invoqué, à l’appui de leur position, le fait que Khémaïes Chammari était membre de la Chambre des députés en 1994 et 1995, alors que le décret-loi portant création de l’instance Vérité et Dignité exige de ses membres qu’ils n’aient pas occupé de poste de représentation ou au sein du gouvernement à partir du 1er juillet 1955.

Cette exigence, on l’a compris, vise à barrer la route aux caciques de l’ancien régime. Ce qui n’est pas le cas de M. Chammari. La preuve: ce dernier a été élu, en 1994, sur une liste du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), qui était à l’époque le principal parti de l’opposition dans le pays. Il n’est resté député que quelques mois et ses interventions brillaient par leur ton critique et ne ménageaient aucunement le régime de Ben Ali.

Plus encore : en 1995, Khémaïes Chammari a été arrêté et condamné à 5 ans de prison ferme et il n’a pu être relâché qu’après une campagne en sa faveur menée par des organisations internationales.

Après sa sortie de prison, M. Chammari a dû s’exiler en France de longues années et il est resté l’un des opposants les plus farouches au régime de Ben Ali jusqu’à la chute de ce dernier en janvier 2011.

Pendant toutes ces années, M. Chammari s’est aussi distingué par ses activités débordantes au sein du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) et a mené des missions dans le cadre de la justice transitionnelle au Maroc et en Afrique du Sud.

Il a également reçu plusieurs prix internationaux pour son apport à la défense des droits humains dans le monde.

Autant dire que le gel de la candidature de M. Chammari à l’instance Vérité et Dignité est pour le moins scandaleux et nuit à la crédibilité même de la commission chargée de trier les candidatures à cette instance, qui est composée, comme on le sait, de membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC).

Ridha Kéfi