A l'occasion de la Fête du Travail, les militants de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et du Front populaire ont défilé, jeudi, à Tunis. Mot d'ordre : Solidarité et travail.
Par Yüsra N. M'hiri
Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT, a prononcé un discours au siège de la centrale syndicale, à la Place Mohamed Ali.
«Je ne vous apprends rien en vous parlant de la situation financière difficiles où se trouvent l'Etat et les entreprises. Cela est essentiellement dû aux dettes que nous accumulons, mais aussi, et surtout, au commerce parallèle, qui crée un déficit budgétaire, provoque la hausse des prix et grève lourdement le pouvoir d'achat du citoyen», a lancé M. Abassi. Et de poursuivre: «Nous devons rester optimistes et travailler pour que la Tunisie puisse réussir au mieux sa transition démocratique».
Houcine Abassi: «Le commerce parallèle, qui crée un déficit budgétaire, provoque la hausse des prix et grève lourdement le pouvoir d'achat du citoyen»
Ne pas oublier la feuille de route
Tout en tenant un langage de vérité et en soulignant la gravité de la situation économique dans le pays, Houcine Abassi s'est voulu optimiste et rassurant. Les négociations relatives à l'augmentation du SMIC débuteront à partir de la semaine prochaine, a-t-il indiqué, tout en reprochant, au passage, aux hommes d'affaires de profiter de plusieurs avantages fiscaux aux dépens des travailleurs.
Revenant sur l'adoption de la constitution, le 17 janvier dernier, fruit du dialogue national parrainé par l'UGTT et d'autres organisations nationale (Utica, Ordre des avocats et LTDH), le secrétaire général de l'UGTT a invité le gouvernement Mehdi Jomâa à respecter les recommandations de la feuille de route, sur la base de laquelle il a été nommé, lui et son gouvernement, notamment la révision des nominations effectuées sur une base partisane et la dissolution des Ligues de protection de la révolution (LPR), ces milices au service des partis Ennahdha, le Congrès pour la République (CpR) et Wafa.
Au 1er rang, les dirigeants de l'UGTT, autour de Houcine Abassi et Noureddine Hached, fils du fondateur de l'organisation syndicale, Farhat Hached.
Les syndicalistes ont ensuite défilé sur l'avenue Habib Bourguiba, où des centaines de partisans du Front Populaire, une coalition regroupant les partis nationalistes arabes et de la gauche radicale, étaient déjà sur place, encadrés par leurs dirigeants, notamment Hamma Hammami, porte-parole officiel du Parti des Travailleurs et leader du Front populaire, accompagné de son épouse, l'avocate et militante des droits de l'homme Radhia Nasraoui, Zied Lakhdhar secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad) et son adjoint , Mohamed Jmour.
Le Front populaire annonce à la grande mobilisation pour les régions défavorisées.
Les manifestants scandaient les mêmes slogans de la révolution du 17 décembre 2010-14 janvier 2011: «Travail, liberté, dignité», et demandait au gouvernement d'impulser l'emploi dans les régions défavorisées où les taux de chômage dépassent le double de la moyenne nationale, déjà élevée (16-17% de la population active).
La vérité sur les assassinats de Belaïd et Brahmi
«Le 1er Mai est une occasion pour se remobiliser contre toute atteinte aux droits économiques et sociaux des travailleurs qui peinent déjà à subvenir à leur besoins de première nécessité», confie M. Hammami à Kapitalis. Et d'ajouter: «Le pouvoir d'achat ne cesse de détériorer et le quotidien devient de plus en plus difficile, surtout dans les régions en manque de développement».
Tout en appelant les Tunisiens à se retrousser les manches et à travailler dur pour que leur pays, qui traverse une grave crise économique, se refasse une santé, Hamma Hammami, fidèle à sa fibre sociale, n'a pas omis de dénoncer les hommes d'affaires et ceux exerçant les professions libérales qui recourent à l'évasion fiscale et de les appeler à être solidaires avec leur peuple et à s'acquitter de leurs devoirs afin de contribuer au sauvetage de leur pays et à la réussite sa transition démocratique.
Hamma Hammami et Radhia Nasraoui.
Le leader de gauche a, également, appelé le gouvernement Jomaa à accélérer la mise en oeuvre de la feuille de route afin de mettre en place un climat propice à la tenue des prochaines élections. «M. Jomaa communique bien et il a redoré l'image de la Tunisie, mais ce n'est pas suffisant. Nous lui demandons d'activer la mise en oeuvre de la feuille de route, la principale mission qui lui est confiée», a-t-il encore précisé.
Les syndicalistes et les militants du Front Populaire ont également scandé des slogans rappelant que les enquêtes relatives aux assassinats des leaders de gauche Chokri Belaïd (6 février 2013) et Mohamed Brahmi (25 juillet 2013) n'ont toujours pas révélé les noms de leurs commanditaires et que les Tunisiens attendent encore la vérité sur les violences politiques dont leur pays a été le théâtre sous les deux gouvernements de la Troïka, la coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha ayant dirigé le pays entre décembre 2011 et janvier 2014.
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