Selon des informations récurrentes, des unités spéciales algériennes, américaines et françaises seraient à pied d'oeuvre en Libye pour prêter main forte au général Haftar.
Par Imed Bahri
C'est d'abord le quotidien algérien ''Al-Watan'' qui a ébruité l'affaire. Des troupes d'élite algériennes se préparaient, il y a quelque jours, à intervenir en Libye pour traquer les groupes terroristes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dirigé par le terroriste Mokhtar Belmokhtar, connu sous le nom de «laâwar» (le borgne).
L'information a certes été démentie officiellement par le gouvernement algérien. Mais l'on sait que l'armée algérienne a envoyé 25.000 soldats, lourdement armés, vers la frontière avec la Libye. La raison invoquée: empêcher les infiltrations des terroristes qui fuiraient la Libye.
C'est le même argument invoqué par la Tunisie qui a déployé 5.000 de nos soldats le long de la frontière tuniso-libyenne.
Une opération secrète conjointe
C'est cependant le magazine français ''Le Nouvel Observateur'', sous la plume de son journaliste Farid Aichoune, spécialiste des conflits dans le monde arabe, qui confirme et précise les objectifs d'une telle opération qui serait conjointement organisée avec les Américains.
Le journaliste cite une source sécuritaire algérienne et une autre occidentale, probablement française, et affirme que ce sont des commandos du 4e régiment des parachutistes algériens, appuyés par des forces spéciales, qui sont à pied d'oeuvre en Libye pour soutenir le général Khalifa Haftar. Ce dernier, on le sait, combat les terroristes d'Ansar Charia et autres du même acabit et tente de mettre hors d'état de nuire les mouvements islamistes, et notamment les Frères musulmans de Tripoli.
Le général Haftar, selon les sources citées par le journaliste franco-algérien, serait envoyé par la CIA, le service de renseignement américain, pour prendre le pouvoir en Libye, appuyé par les commandos américains et algériens. En cas d'échec, ces derniers tenteraient de le «récupérer».
Les deux scénarios étaient prévus par les stratèges de Washington qui ont sollicité l'aide algérienne tout en envoyant leur bateau de guerre amphibie (qui peut circuler hors de l'eau) avec 1000 Marines à bord.
Khalifa Haftar a d'ailleurs failli être tué, il y a quelques jours, dans un attentat kamikaze et semble trouver des difficultés à s'imposer, surtout politiquement, aux différentes parties en conflit. Mais le vide institutionnel, créé par le verdict de la Haute cour libyenne invalidant l'«élection» de l'ex-Premier ministre Ahmed Miitig par une minorité islamiste d'un parlement lui-même illégal, pousse à croire que Haftar n'a pas encore complètement échoué.
Le général Khalifa Haftar n'a pas encore totalement échoué.
Prendre les groupes terroristes en tenaille
Ce sont des commandos de la Socafrica, dépendant de l'Africom, qui seraient chargés de soutenir Haftar ou de l'exfiltrer en cas d'échec et ils disposent d'avions spéciaux pouvant atterrir n'importe où. Ce sont eux, estime Farid Aichoune, qui ont kidnappé Abu Anas Ellibi. Mais ''The Times'' évoque aussi une participation des forces spéciales françaises qui, à partir du Mali, comptent, avec les Algériens et les Américains, prendre les groupes terroristes en tenaille.
Il est clair que ces opérations «top secret» sont systématiquement démenties par les différents Etats. Du côté tunisien, nous savons que 50 des forces spéciales américaines sont déjà depuis un moment au sud du pays avec un hélicoptère et des armes sophistiquées. C'est encore une fois un journal français, ''Le Figaro'', qui a vendu la mèche. Toutefois, ces mêmes journaux français gardent le silence sur la présence des commandos français en Libye, comme l'affirme ''The Times''.
En tout cas, du côté tunisien, des informations qui circulent sur la toile parlent de blindés et de canons acheminés vers la frontière. Or, on ne combat pas les infiltrations de terroristes avec des armes pareils.
Le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, en tant que chef suprême des armées, aurait pu profiter de son passage, dimanche soir, dans l'émission ''Liman Yajro' Faqat'' sur Ettounsia TV pour éclairer notre lanterne sur ce sujet, au lieu de fanfaronner comme il l'a pitoyablement fait ce soir-là. N'a-t-il pas dit, en paraphrasant Béji Caïd Essebsi, sans le citer bien sûr, que la Libye est une affaire interne pour lui?
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