Les dirigeants d'Ennahdha sont passés maîtres dans l'art de mentir en reniant leurs déclarations antérieures. Rached Ghannouchi ne déroge pas à cette règle. Il y excelle.
Par Imed Bahri
Dans un entretien accordé aujourd'hui, vendredi 8 août 2014, à ShemsFM, le président du parti islamiste a prétendu n'avoir jamais déclaré que les terroristes étaient porteurs d'une nouvelle culture et qu'ils lui rappelaient sa jeunesse.
Ansar Charia, anciens alliés d'Ennahdha
La vidéo contenant ces propos, tenus par Ghannouchi début 2012 sur une chaîne de télévision nationale, a pourtant été largement médiatisée et partagée sur les réseaux sociaux.
La question du journaliste ne portait pas, il est vrai, sur les «terroristes» en tant que tels, mais sur les extrémistes religieux et, notamment, les salafistes qui prenaient possession des mosquées et voulaient imposer leur dogmatisme aux fidèles.
A l'époque, certains dirigeants d'Ennahdha, comme les députés Sadok Chourou et Habib Ellouze, et même Rached Ghannouchi lui-même, maintenaient des relations avec les salafistes, notamment les jihadistes d'Ansar Charia, et participaient régulièrement à leurs meetings publics (les photos et les enrgistrements sont là pour l'attester), car ils les considéraient comme des alliés et leur devaient, en partie, leur score aux élections du 23 octobre 2011.
C'est dans ce contexte que Rached Ghannouchi a pris la défense des salafistes, affirmant qu'ils étaient porteurs d'une nouvelle culture et lui rappelaient sa jeunesse.
Il est, par ailleurs, de notoriété public que l'organisation terroriste Ansar Charia, qui sème aujourd'hui la terreur en Tunisie, a pu se développer et essaimer dans toutes les régions du pays sous les deux gouvernements conduits par Ennahdha: Hamadi Jebali (décembre 2011-mars 2013) et Ali Larayedh (mars 2013-janvier 2014), qui ont fait preuve de laxisme voire de complicité active avec les apprentis terroristes.
Demi-vérités et gros mensonges
A l'époque aussi, un appareil sécuritaire parallèle, qui prenait directement ses instructions du quartier général d'Ennahdha, a empêché les forces de sécurité de faire leur travail de surveillance et de traque des réseaux terroristes. La suite on la connait. Deux assassinats politiques: Chokri Belaid, le 6 février 2013, et Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013, tous deux – coïncidence trouble – de redoutables adversaires d'Ennahdha. Mais aussi plusieurs attentats et attaques terroristes qui ont coûté la vie à plus d'une trentaine de militaires et d'agents de l'ordre.
Alors quand M. Ghannouchi déclare, toujours à Shems FM, que le terrorisme est international et qu'il n'est pas plus présent en Tunisie qu'ailleurs, ajoutant qu'en Tunisie, le terrorisme s'est propagé avant, durant et après l'ascension de son parti au pouvoir après les élections du 23 octobre 2011, il ne dit que la moitié de la vérité.
Autant dire aussi qu'il ment à moitié: non, le terrorisme a prospéré en Tunisie grâce à Ennahdha et sous ses deux gouvernements, et cela les électeurs tunisiens ne l'oubliront pas le jour où il devront élire leur prochain parlement, le 26 octobre 2014.
Du moins nous l'espérons...
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