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La famille de Chokri Belaïd va porter plainte contre la chaîne qatarie Al-Jazeera suite à la diffusion du documentaire ''Boîte noire'', consacré à l'assassinat du dirigeant du Watad.

Par Yüsra N. M'hiri

Contacté par Kapitalis, Abdelmajid Belaïd, frère de l'opposant de gauche, assassiné le 6 février 2013 par des extrémistes religieux, s'est dit révolté par le pseudo-documentaire, diffusé dans la soirée du jeudi 30 octobre 2014, qui, selon lui, cherche à disculper Ennahdha, principal responsable du meurtre de Chokri Belaid.

«Cela ne nous étonne pas, venant d'une chaine, qui a notamment donné la parole à des soi-disant journalistes tunisiens, qui sont en fait des activistes islamistes ayant toujours servi Ennahdha et ses supplétifs, les extrémistes religieux», a-t-il déclaré.

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Basma Khalfaoui et Chokri Belaid: le bonheur assassiné.

«Les informations sont biaisées et défigurent la vérité au bénéfice d'Ennahdha, que nous continuons d'accuser d'être responsable du meurtre de Chokri, car des dirigeants de ce parti y ont contribué d'une manière ou d'une autre et le documentaire de propagande cherche à les blanchir, alors que l'enquête judiciaire est toujours en cours, mais nous ne lâcherons pas», a-t-il ajouté, tout en assurant que le parti Watad, dont Chokri Belaïd était le secrétaire général, portera plainte, lui aussi, contre la chaîne qatarie.

Le Front Populaire, coalition politique dont le Watad est membre, se réunira ce vendredi 31 octobre 2014 pour décider des actions à mener.

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Basma Khalfaoui et ses deux filles récitent la fatiha sur la tombe de leur cher disparu.

Le documentaire d'Al-Jazeera remet en cause la version du ministère de l'Intérieur tunisien et porte les accusations fantaisistes et montées de toutes pièces contre le chauffeur (et camarade) de Chokri Belaïd, ainsi que contre son épouse, Me Basma Khalfaoui, et l'homme d'affaire Kamel Letaief, impliqué de manière grotesque dans une affaire politico-criminelle dont les islamistes sont les principaux instigateurs.

Pis encore, Al-Jazeera accuse Basma Khalfaoui d'avoir entretenu «une relation intime» avec le cinéaste Neji Naghmouchi, ajoutant que Chokri Belaid avait menacé ce dernier de mort. Accusation facile, puisque l'intéressé n'est plus de ce monde : il est décédé dans un accident de voiture, le 21 juillet 2014, un an et demi après l'assassinat de Chokri Belaid. Accusation stupide aussi qui salit la mémoire de deux amis et camarades de combat. 

A en croire Al-Jazeera, qui n'apporte aucune preuve tangible à ses accusations, Chokri Belaïd n'aurait pas été tué par des extrémistes religieux à la solde d'Ennahdha, mais victime d'un... crime passionnel. La ficelle est trop grosse : on est dans un film d'action. Et c'est plus du cinéma que de l'investigation.

Par-delà la bassesse et l'obscénité de telles allégations, rien dans l'enquête menée par les juges tunisiens sur cet assassinat politique, ne va dans la direction que cherche à faire accréditer Al-Jazeera.

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Abdelmajid Belaid, gardien de la mémoire de son frère assassiné. 

Quant on sait que la chaîne de l'émir du Qatar soutient ouvertement les Frères musulmans en Egypte, les islamistes d'Ennahdha en Tunisie et les groupes jihadistes en Irak, en Syrie et en Libye, auxquels appartiennent les assassins de Chokri Belaid, on comprend (mais sans la justifier) sa tentative, très maladroite, de réorienter l'enquête sur cet assassinat et de manipuler les faits qui accusent clairement la nébuleuse islamiste que soutient... le Qatar.

La famille de Chokri Belaid a donc de bonnes raisons de porter plainte contre cette chaîne, devenue un véritable torchon médiatique, qui s'est permise d'assassiner une seconde fois le dirigeant de gauche tunisien.

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